Dans sa dernière édition du 11 décembre, le Journal Du Dimanche (JDD) a lancé un pavé dans la mare. Revenant sur la double embolie pulmonaire de Michel Polnareff, toujours hospitalisé, le quotidien rapporte les doutes de ses producteurs quant à son réel état de santé.
Dans cette histoire, tout commence le jeudi 1er décembre vers 18 heures lorsque le chanteur atterrit au Bourget (Seine-Saint-Denis). Il descend d'un jet en provenance de Bordeaux, où il a donné un concert la veille. A ce moment-là, « l'amiral » est déjà affaibli. Il soigne une sinusite persistante à l'aide d'antibiotiques. Installé à l'Hôtel The Peninsula Paris, l'artiste passe la soirée, selon l'enquête du JDD, au bar de l'établissement et commande plusieurs boissons alcoolisées.
Un médecin sous le feu des projecteurs
Cette soirée arrosée sera suivie d'une deuxième, le lendemain, alors même que Michel Polnareff a annulé ses concerts prévus à Paris (Salle Pleyel) et à Nantes. Sauf que ce moment de détente ne se terminera pas aussi bien que le premier. Vers 23 heures, le chanteur appelle en effet SOS Médecins. Un généraliste se rend alors à son chevet peu avant minuit mais ne trouve rien d'inquiétant dans son état de santé. Il se contente ainsi d'une simple ordonnance sans arrêt de travail.
Convaincu que quelque chose cloche, Michel Polnareff prend contact avec un généraliste de Neuilly-sur-Seine, le Dr Philippe Siou. Ce médecin de stars décide de placer son patient en observation à l'Hôpital Américain de Paris pour le week-end, le temps de procéder à divers examens. Et face aux rumeurs de mort de l'artiste qui se répandent sur Internet, le médecin tiendra le mardi suivant une conférence de presse. Il confirmera que Michel Polnareffl souffre « d'une embolie pulmonaire bilatérale qui engage son pronostic vital ».
Le certificat de complaisance écarté par l'hôpital
Les jours suivants, les communiqués du médecin sèmeront encore plus le doute. Il y annoncera d'abord un rétablissement spectaculaire de l'artiste, puis un « combat difficile » contre la maladie. Jusqu'au lundi 5 décembre, date à laquelle le Dr Philippe Siou affirme que le chanteur est « totalement sorti d'affaire ». Deux jours plus tard, le chargé de presse de Polnareff décrit, lui, un homme « sous oxygène », qui aura besoin de « plusieurs semaines d'une difficile convalescence ».
Autant de déclarations qui n'ont fait qu'alimenter la méfiance des producteurs. Une bataille judiciaire s'ouvre alors. Interrogé ce mardi dans Le Figaro, Gilbert Coullier, son producteur, a donné sa version des faits. L'annulation des deux derniers concerts du chanteur coûterait 450 000 euros. Et il n'exclut pas des poursuites judiciaires.
Car cette affaire est aussi médicale. Même si l'Hôpital Américain de Paris a confirmé lundi soir le diagnostic d'embolie pulmonaire, l'hypothèse d'un certificat de complaisance est en effet toujours évoquée par les détracteurs de l'artiste.
Le secret médical enfreint
Le Dr Philippe Siou est aussi au centre d'une polémique concernant sa communication dans les médias. Avec une question centrale : a-t-il enfreint le secret médical ? Contacté par Pourquoidocteur, le Dr Jean-Marie Faroudja, responsable de la déontologie au Conseil de l'Ordre des médecins (CNOM), refuse de se prononcer sur une affaire qui en est encore « au stade embryonnaire ».
Mais le praticien a tout de même rappelé les devoirs auxquels sont soumis tous ses confrères. « Un médecin d'une façon générale ne communique pas des diagnostics bien évidemment. Il est soumis au secret médical absolu ». Et ce dernier ajoute que le patient ne peut en aucune manière délier le médecin de son obligation de secret. La jurisprudence est constante sur ce dernier point, tranche-t-il.
Lorsqu'il ne respecte par cet article du Code de la Santé publique, le praticien encourt donc une peine qui peut aller jusqu'à l'interdiction d'exercice. Sur Europe1, le producteur Gilbert Coullier a indiqué pour le moment qu'une journaliste avait annoncé « à tort » qu'il avait porté plainte contre le généralise de Neuilly-Sur-Seine. « Cependant, nous nous laissons la latitude de prendre contact avec cette autorité pour s'étonner que le docteur Siou puisse parler dans les médias de "menaces" que nous aurions proférées à son encontre », conclut-il.
L'affaire Polnareff ne fait que commencer.