Ils avaient été qualifiés d’ « apprentis sorciers » par le procureur général, lors de l’audience en appel. Quelques semaines plus tard, l’avis n’a pas changé. La cour d’appel a confirmé la peine retenue en première instance à l’encontre de Viviane Schaller, ancienne gérante d’un laboratoire d’analyses biologiques strasbourgeois. L’autre personne poursuivie dans cette affaire, un pharmacien de 67 ans, est décédé quatre jours avant le prononcé de la décision, d’une crise cardiaque.
Viviane Schaller, 68 ans, a donc écopé de neuf mois de prison avec sursis et 228 000 euros à rembourser à la Sécurité sociale pour avoir utilisé des tests de dépistage de manière jugée abusive, et selon une méthode non homologuée en France.
"Scandalisée"
Elle réalisait en effet des tests diagnostiques de la maladie de Lyme au sein de son laboratoire en passant outre les protocoles établis et en abaissant les seuils, afin de pouvoir bénéficier d’un deuxième test pour ses patients, pris en charge par l’Assurance Maladie. En première instance, elle avait été condamnée à rembourser la somme de 280 000 euros à la Caisse primaire d’assurance maladie pour « escroquerie » et à neuf mois de prison avec sursis.
Le pharmacien de 67 ans devait quant à lui verser la somme de 10 000 euros de dommages et intérêts à l’Ordre des pharmaciens, pour la fabrication et la commercialisation sans l’aval des autorités sanitaires du Tic Tox, un traitement alternatif à base d’huiles essentielles contre la maladie de Lyme, qui ne disposait pas d’autorisation de mise sur le marché. Le verdict avait été rendu en novembre 2014. Viviane Schaller et Bernard Christophe avaient alors fait appel de cette décision.
L’avocat de Viviane Schaller, Me Julien Fouray, a annoncé dans la foulée le pourvoi en cassation à venir. Le procès de Viviane Schaller, qui sonne comme un symbole de la lutte pour la reconnaissance de la maladie, est suivi par des patients et des associations de patients qui la soutiennent activement. Certains sont venus témoigner dans le cadre du procès en appel.
« Je suis scandalisée », a réagi auprès de l'AFP, Marie-Claude Perrin, présidente de l'association « Lyme sans frontières », qui réunit des milliers de patients et dénonce le « déni » de la maladie de Lyme par les pouvoirs publics. Evoquant la « détresse des malades », elle a souligné que cette condamnation ne ferait que « durcir la position des associations, au lieu d'ouvrir le dialogue ».