Acouphènes, sifflement, surdité… Plus de la moitié des personnes de plus de 65 ans souffrent de ces troubles. Une perte d’audition qui peut être liée à des maladies, à des traumatismes ou à des toxicités médicamenteuses. Une étude parue dans l’American Journal of Epidemiology confirme, en effet, que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), tel que l’ibuprofène, contribuent à la destruction des cellules indispensables à l’audition. Un impact négatif est lui aussi observé avec une longue prise de doliprane.
Les chercheurs de l’école de médecine de Harvard ont abouti à ces conclusions en étudiant les données de santé de plus de 54 000 femmes âgées de 48 à 73 ans. L’analyse de ces informations suggère qu’une utilisation prolongée (plus de 6 ans) de paracétamol, d’ibuprofène est liée à une perte d’audition, respectivement, de 10 et 9 %.
Des résultats qui ont également été observés chez des hommes également. Une étude publiée en 2010 menée auprès de 26 000 volontaires a montré que les utilisateurs réguliers de paracétamol âgés de 50 à 59 ans ont un risque de perte d’audition 38 % plus élevé que les hommes ne prenant pas régulièrement ce médicament.
Pas de lien confirmé pour l'aspirine
En revanche, cette étude ne met pas en lumière de lien entre l’usage d’aspirine et la survenue d’une surdité. Pourtant, la littérature scientifique a montré qu’à des doses comprises entre 10 et 15 mg pour 100 mL de sang, soit la posologie prise pour calmer une migraine ou une rage dent, des déficits auditifs légers pouvaient survenir. Cette hypoacousie est toutefois peu perceptible. Mais si la dose atteint près de 20 mg/mL de sang, les patients ayant une audition normale peuvent se plaindre de sifflements ou d’acouphène.
L’institut national de recherche et de sécurité (INRS) explique que l’aspirine provoque ces dégâts en modifiant le comportement des cellules ciliées externes présentent dans la cochlée. Ces cellules jouent un rôle crucial dans l’audition en se contractant sous l’effet des vibrations sonores, ce qui permet d’amplifier le signal.
Les chercheurs supposent qu’ils n’ont pas observé cette association car ces dosages élevés d’aspirine sont devenus rares au cours des deux dernières décennies. De fait, ils sont plus inquiets du risque de surdité lié à la consommation de paracétamol et d’ibuprofène, deux médicaments très largement prescrits.
« Bien que l’augmentation de risque soit modéré, il faut souligner qu’une dose faible de ces médicaments a un effet et pourrait avoir des répercussions importantes, souligne Gary Curhan, responsable des travaux. Si on suppose qu’il existe un lien de cause à effet, cela voudrait dire qu’environ 16,2 % des troubles auditifs chez les femmes sont dus à l’usage d’ibuprofène ou de paracétamol ». Les auteurs soulignent toutefois que ces conclusions doivent être validées dans d’autres cohortes indépendantes et par d’autres équipes de chercheurs.