Nul doute qu’à la lecture du titre de cet article, nombreux sont ceux, et celles, qui se sont soudainement interrogés : « Il y a un os dans le pénis ?! ». Et oui ! Mais si l’idée nous semble tellement saugrenue, c’est que l’espèce humaine en est effectivement dépourvue, contrairement à beaucoup d’autres espèces. Différence (injustice ?) qui a mené des scientifiques londoniens à s’interroger sur le pourquoi du comment, nous raconte Marie-Céline Jacquier, de Futura Sciences. Leurs conclusions sont publiées dans la très sérieuse revue Proceedings of the Royal Society B.
Baculum. C’est donc le nom scientifique de ce fameux os, ignoré des humains, mais pourtant largement répandu chez les primates et les carnivores. A noter qu’il en va des bacula comme des pénis : de fortes disparités de taille existent. On apprend ainsi que les bonobos, connus pour leur appétit sexuel insatiable, ont un baculum de 8 petits millimètres, alors que le morse peut se targuer de posséder un os pénien de 50 cm, soit un sixième de la longueur totale de son corps. Et pourtant, le morse n’a pas une sexualité plus débridée que celle des bonobos. Si la fonction crée l’organe, elle ne semble pas créer l’os…
Et pourtant, il y aurait bel et bien un lien entre sexe et baculum, selon les chercheurs britanniques. La saisonnalité de la reproduction aurait un effet sur la taille de l’os pénien. Mais plus intéressant, celui-ci jouerait un rôle dans la durée de la pénétration.
La présence de baculum serait associée à une « intromission » plus longue, chez les primates. Or, la durée de pénétration moyenne ne serait que de deux minutes chez l’homme, une durée qui, visiblement, ne justifiait pas qu’il soit doté de cet os supplémentaire. Sauf que, souligne Marie-Céline Jacquier, le bonobo copule certes beaucoup, mais 15 secondes seulement à chaque fois, et pourtant, il a bel et bien conservé un vestige de baculum.
Les chercheurs ont donc poussé plus avant leurs recherches et proposent une hypothèse. Le baculum aurait été conservé au cours de l’évolution uniquement dans les espèces où la compétition sexuelle est élevée. Plus la pénétration est longue, moins la femelle serait tentée d’aller copuler avec plusieurs mâles d’affilée…
Une théorie qui n’explique toujours pas vraiment le cas des bonobos, dont le micro-baculum restera donc un mystère, mais qui laisse entrevoir une explication quant à l’absence d’os pénien chez l’homme. Les femmes auraient plutôt tendance à s’accoupler avec un seul partenaire à la fois, rendant ainsi la compétition sexuelle quasi nulle. Ce serait donc bel et bien la monogamie qui aurait fait disparaître l’os du pénis des hommes !