Il y a tout juste un mois au CHU de Nantes, quatre patients adultes atteints de lymphome, traités par chimiothérapie intensive avant autogreffe (protocole BEAC) ont présenté des complications graves. Les décès suspects de trois d'entre eux ont soulevé de nombreuses questions. Pour tenter de lever le voile sur cette nouvelle affaire médicale, le pôle santé publique du Parquet de Paris a ouvert une enquête.
De son côté, Marisol Touraine, ministre de la Santé, a saisi l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) le 17 novembre. Récemment, les premières constatations de l’IGAS ont conclu qu'à ce jour, aucun incident n’avait été signalé par un autre établissement quant à l’utilisation du protocole BEAC. Les investigations sont toujours en cours et l’enquête judiciaire se poursuit. Mais de nouveaux éléments transmis à la presse viennent à nouveau semer le doute dans ce dossier.
La toxicité cardiaque presque écartée
Dans un communiqué publié ce samedi, la ministre de la Santé informe avoir demandé le 29 novembre à l’Institut National du Cancer (INCa) et à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) de réévaluer les préconisations nationales pour la prise en charge des patients traités pour lymphome.
On apprend ensuite que l’Inca et l’ANSM ont remis hier, le 16 décembre, leurs préconisations à Marisol Touraine. Dans ce rapport, les agences rappellent « l’absence d’élément hautement prédictif de toxicité cardiaque du cyclophosphamide, et le caractère strictement unicentrique et temporellement regroupés de ces évènements survenus au CHU de Nantes ».
L'existence d'autres alternatives thérapeutiques
Les agences poursuivent : « En l’état actuel des informations disponibles sur les complications graves survenues au CHU de Nantes, en raison de l’amélioration de la situation d’approvisionnement en melphalan IV sur le territoire national, et de l’existence d’autres alternatives thérapeutiques, l’INCa et l’ANSM recommandent, à titre de précaution, la suspension temporaire du recours au protocole BEAC (1) ».
Alors, faute de comprendre pour l'instant les raisons du drame, Marisol Touraine a décidé d'agir. Elle valide ces recommandations en demandant à la Direction Générale de la Santé (DGS) de les appliquer. La ministre de la Santé précise toutefois que cette requête « ne concerne pas l’utilisation, même à fortes doses, d'un ou de plusieurs médicaments composant le protocole BEAC, qui demeurent essentiels dans d’autres schémas thérapeutiques ». Le mystère et les interrogations sur les décès des trois patients au CHU de Nantes restent donc entiers.
(1) L’acronyme correspond à l'association de fortes doses de carmustine, d’etoposide, de cytarabine et de cyclophosphamide, utilisés pour le conditionnement préalable à une autogreffe de cellules souches hématopoïétiques