La semaine dernière à Las Vegas, Allyn Rose a raté la dernière marche du podium. La belle de New-York lui a ravi la couronne de Miss America 2013. Pourtant c’est bien le nom d’Allyn Rose que les Américains retiendront. Son histoire a fait le tour des Etats-Unis. Couronnée Miss Maryland, cette jeune étudiante en droit de 24 ans, à la plastique parfaite, a annoncé, qu’elle allait subir en juin prochain une double mastectomie. « Je préfère la vie à la beauté », a-t-elle déclaré pour justifier sa décision de procéder à une ablation des deux seins.
Allyn Rose a une prédisposition génétique à développer un cancer du sein. 5 à 10% des cancers du sein sont héréditaires. Elle est porteuse d’une mutation du gène BRCA1 ou BRCA2. « Ces deux gènes participent à la réparation des lésions que l’ADN subit régulièrement, explique un document de l’Institut national du cancer (INCA). La présence de mutations dans l’un de ces deux gènes perturbe cette fonction et fait augmenter fortement le risque de cancer du sein et de l’ovaire ». Pour le sein, le risque de cancer varie de 40 % à 80% au cours de la vie, selon les études, le type de gène concerné, l'histoire familiale de cancer du sein, et l'âge. On estime que 2 femmes sur 1000 sont porteuses de cette mutation.
L’histoire familiale que raconte la jeune américaine correspond parfaitement à la description des personnes à risque : «Ma mère s’est fait retirer son sein droit à 27 ans, raconte Allyn Rose, mais à 47 ou 48 ans, c’est revenu dans le sein gauche». Au moment de ce second diagnostic, le cancer de sa mère en était déjà à un stade trois. Elle en est décédée à 51 ans. Pour la convaincre de se faire opérer, son père n’a pas hésité à lui dire : « tu finiras morte comme ta mère».
Aux Etats-Unises, des milliers de jeunes filles porteuses de cette anomalie génétique procèdent à cette ablation préventive des deux seins . Cette technique fait partie des recommandations médicales. Si l’intervention ne supprime pas le risque de développer un cancer, elle en réduit la probabilité : 4 à 5 % contre 40 à 80 % sans mastectomie et avec un risque de décès qui passe à 2 % contre 30 à 40 %. Le bénéfice est maximal si l’intervention est réalisée avant 40 ans.
En France, s’il n’existe pas de recommandation officielle, les solutions proposées sont moins radicales que de l’autre côté de l’Atlantique. La prise en charge est organisée, coordonnée et conduite par un médecin référent travaillant dans une équipe multidisciplinaire prenant en charge les formes héréditaires de cancer. Les spécialistes préconisent une surveillance régulière dès l’âge de 20 ans et un suivi radiologique mammaire dès l’âge de 30 ans. Il consiste en la réalisation, sur une période n’excédant pas 2 mois, d’une mammographie, d’une échographie en cas de seins denses, et d’un examen par IRM. il n’y a pas de limitation dans le temps de ce suivi clinique. Il en est de même pour le dépistage par imagerie. Mais « toutes les femmes porteuses de ces mutations génétiques ne développeront pas systématiquement un jour un cancer du sein », précise l’Inca.
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