Si le feu se déclarait, il ravagerait tout. Sa diffusion « serait extrêmement rapide » avec une mise en danger des personnes par « la propagation du feu, des fumées et gaz toxiques aux niveaux supérieurs hébergeant les détenus ». Dans un communiqué, l’Observatoire International des Prisons (OIP) prévient : dans la maison d’arrêt de Tours, le risque d’un incendie aux proportions dramatiques est particulièrement élevé.
L’annonce survient alors que le Conseil d’Etat examine ce jour la situation des prisons de Tours et d’Ajaccio – cette dernière ne vaut guère mieux en termes de sécurité incendie. L’audience fait suite à des recours engagés par l’OIP afin de « contraindre l’administration à remédier aux défaillances » observées par l’OIP au cours de ses missions.
Equipements dangereux
Et elles sont nombreuses. « Installations électriques hors normes, équipements favorisant la propagation des feux, configuration des locaux entravant l’intervention des secours et l’évacuation des détenus, personnels non formés… », énumère l’association, qui a « documenté une dizaine d’établissements pour lesquels la sous-commission contre les risques d’incendie a émis un avis défavorable à l’ouverture au public ».
C’est le cas à Tours, où la sous-commissions départementale a émis un avis défavorable à la poursuite de l’exploitation de la prison, à l’issue de sa visite de la maison d’arrêt de en juin 2016. Elle précisait alors que le développement de l'incendie, facilité par les mauvais équipements, serait aussi « favorisé par la formation insuffisante des personnels de l'établissement à la manipulation des extincteurs, à l'entraînement au port de l'appareil respiratoire isolant et à la gestion du système de sécurité incendie. »
Idem à Ajaccio, où en septembre 2015, la sous-commission avait sollicité la fermeture de la maison d’arrêt, jugeant que « le niveau de sécurité de ce bâtiment vétuste et hors normes [était] extrêmement insatisfaisant » et faisait encourir « des risques graves » au public en cas d’incendie, qu’il s’agisse des détenus comme des membres du personnel.
Entretenir le parc carcéral
« Pour ces deux prisons, l’administration a annoncé des projets de travaux dont une partie n’a pas même été entamée », déplore l’OIP. Ces établissements ont été maintenus en fonctionnement malgré les avis défavorables de ces sous-commissions.
« Alors que le gouvernent engage notre pays dans un plan ruineux de construction de 33 prisons supplémentaires, les moyens manquent pour entretenir le parc carcéral actuel », souligne encore l’OIP, qui exige que le Conseil d’Etat « fixe le cap » et, pour ce faire, sorte sa calculette.
« En septembre dernier, le ministre de la Justice reconnaissait que « les programmes immobiliers successifs depuis 1987 [ont] visé en priorité à accroître la capacité carcérale » et « non à un plan d’entretien ou de remise à niveau des cellules du parc existant » (...) Entre 2007 et 2015, seulement 514 millions sur les 1,2 milliards budgétés ont été débloqués pour l’entretien des infrastructures. Si dans le cadre du projet de loi de finances 2017, 135 millions d’euros sont prévus pour l’entretien des prisons, il manque donc toujours 686 millions d’euros pour compenser le retard pris ces dernières années… »