Candidat de la droite et du centre à l’élection présidentielle de 2017, François Fillon envisage de laisser une plus large place aux compagnies d’assurances et aux mutuelles dans la couverture des risques liés à la maladie. Une proposition qui ne fait pas le consensus. « Il devrait revenir aux racines sociales de son engagement politique et abandonner ce projet, comme certains dans son propre camp le lui demandent », estime, en effet, André Grimaldi.
Ce professeur de médecine a lancé, il y une semaine, une pétition directement adressée à l'homme de la Sarthe. Sur change.org, celle-ci rassemblait dès le premier jour de nombreuses personnalités et soignants. « Si les modalités de financement de la protection sociale méritent un débat, ses principes doivent être préservés pour une simple question de justice, de solidarité et de cohésion », rappellent les pétitionnaires.
Pas de gros ou de petit risque
Plus précisément, ces personnalités veulent que la Sécurité sociale continue « à rembourser non seulement les affections graves et les maladies de longue durée mais aussi les soins courants, préventifs et curatifs , dès lors qu’ils sont justifiés et que les traitements prescrits ont une efficacité démontrée ». Cette phrase sonne comme un veto au projet initial de François Fillon de redéfinir les paniers de soins.
Retirée désormais de son site, la mesure prévoyait de confier le gros risque à l'Assurance maladie et le petit risque aux complémentaires santé (mutuelles, assureurs, instituts de prévoyance).
Mais pour le Pr Grimaldi, des économies peuvent être faites ailleurs. Par exemple sur les traitements inefficaces, les prescriptions injustifiées et les hospitalisations évitables (plus de 20 % des dépenses). Le diabétologue cite également « le prix parfois exorbitant et non justifiable des médicaments et dispositifs médicaux nouveaux, sur le coût de la gestion du système de santé (les frais de gestion des complémentaires représentent 20 % de leur chiffre d’affaires contre 6 % pour la Sécurité sociale) ». Enfin, « la prévention doit être développée », suggère-t-il.
L'objectif de 200 000 signatures
Une vision partagée par de nombreux Français puisque la pétition a déjà été signée par plus de 160 000 personnes. Toutes demandent au futur Président de la République de garantir pour le prochain quinquennat le niveau actuel de remboursement des soins par la Sécurité sociale. En pleine Primaire de la La Belle Alliance Populaire, le texte s'adresse également à Arnaud Montebourg, Vincent Peillon, Manuel Valls, Yannick Jadot... mais aussi Emmanuel Macron.
De son côté, François Fillon a déjà réagi. En visite à l'Hôpital Marie-Lannelongue du Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine), le député de Paris a précisé son projet de réforme de l'Assurance maladie. Il ne compte plus distinguer le gros et le petit risque. « L'Assurance maladie continuera à couvrir les soins comme aujourd'hui et même, mieux rembourser des soins qui sont largement à la charge des assurés, comme les soins optiques et dentaires », assure-t-il.