L’immunothérapie pourra-t-elle prévenir et guérir la maladie d’Alzheimer ? Depuis une quinzaine d’années, cette piste thérapeutique suscite l’espoir. Et une nouvelle étude française publiée dans Brain apporte sa pierre à l’édifice.
Chez l’animal, l’injection d’interleukine-2, une molécule produite par le système immunitaire, a permis de réduire l’inflammation cérébrale et rétablir les fonctions cognitives altérées par la démence.
La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative. Cette destruction cérébrale pathologique est plus rapide que le vieillissement normal, et plus ciblée aussi. La mort des neurones démarre dans l’hippocampe avant de se propager au reste de l’encéphale. Une disparition cellulaire qui génère une inflammation qui contribue elle-même à amplifier la neurodégénérescence. Interrompre ce cercle vicieux se présente donc comme une piste sérieuse pour ralentir la progression de la maladie.
Booster le système immunitaire
Les chercheurs français de l’Inserm (1) ont donc cherché à booster les processus anti-inflammatoires déjà existants dans le cerveau. Cette tâche incombe aux cellules immunitaires, appelées astrocytes et microglies, qui s’attaquent aux plaques d’amyloïde, l’une des causes de la maladie d’Alzheimer, et qui sécrètent des cytokines chargées de réguler l’intensité de la réponse immunitaire. Parmi elles, l’interleukine-2 (IL-2) est observée.
Or, des souris de laboratoire dépourvues de cette molécule ont des facultés d’apprentissage et de mémoire affaiblies. Des signes semblables à la maladie d’Alzheimer. Une diminution importante d’IL-2 est également retrouvée chez des patients décédés de la maladie d’Alzheimer, rapportent les scientifiques.
Des essais prochains chez l'homme
Ces observations concordantes ont donc mené l’équipe de recherche à traiter des souris atteintes de cette maladie avec des injections d’IL-2. A l’issue de plusieurs semaines de traitement, la présence de plaques d’amyloïdes a régressé et des connexions neuronales se sont reformées. Des améliorations synonymes de récupération de certaines fonctions cognitives comme la mémoire.
Contrairement aux souris non traitées par IL-2, les cobayes qui ont bénéficié du traitement ont réussi aux tests de mémoire aussi bien que les animaux en bonne santé.
« Ce travail fait la preuve de l’intérêt des immunothérapies pour le traitement de la maladie d'Alzheimer, et notamment de l’intérêt de l’interleukine-2, estiment les auteurs. Ce traitement s’attaque aux conséquences de la maladie, la perte des synapses et les symptômes cognitifs qui l’accompagnent. Son potentiel thérapeutique devra maintenant être évalué chez l’homme ».
(1) Ces travaux ont été dirigés par les équipes de Nathalie Cartier-Lacave (Unité mixte Inserm-CEA 1169 « Thérapie génique, génétique, épigénétique en neurologie, endocrinologie, cardiologie et développement de l'enfant ») et de David Klatzmann (Directeur de l’Unité mixte Inserm-Université Pierre et Marie Curie 959 « Immunologie, immunopathologie, immunothérapie » et chef du service de biothérapies à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP).