Face à une douleur oppressante dans le thorax et une douleur dans le bras gauche, les médecins urgentistes réalisent rapidement un électrocardiogramme et une analyse sanguine pour doser la troponine, un marqueur biologique de l’infarctus. Si ces deux examens sont rassurants, c’est qu’il ne s’agit pas d’une crise cardiaque. Mais le dosage de cette protéine permettrait aussi d’identifier les personnes susceptibles de faire une crise cardiaque dans l'année, rapporte une étude publiée dans le Journal of the American College of Cardiology.
Les chercheurs de l’université d’Edimbourg et Glasgow (Grande-Bretagne) ont suivi durant 15 ans plus de 3 000 hommes ayant un taux de cholestérol élevé mais n’ayant jamais été victimes d’une crise cardiaque.
Au cours de l’étude, les chercheurs ont observé qu’une hausse d’au moins 25 % de la concentration de troponine multiplie par 5 le risque d’être touché par cet accident cardiaque ou d’en mourir un an plus tard. Tandis qu’une baisse semble indiquer que le risque est faible.
Evaluer l'efficacité des traitements
Ils ajoutent que ce test sanguin permet d’évaluer l’efficacité des traitements préventifs, comme les statines. La prise de ces médicaments est en effet associée à une diminution de la concentration de la troponine d’environ 13 %. Résultat : deux fois plus d’hommes présentent une baisse du taux de la protéine et sont considérés comme des personnes à très faible risque d’infarctus.
« Le dosage de la troponine pourrait permettre aux médecins d’identifier les individus apparemment en bonne santé qui sont à risque de crise cardiaque et traiter ceux qui en ont besoin », explique le Pr Nicholas Mills de l’université d’Edimbourg.
Chaque année, près de 120 000 infarctus de myocarde surviennent en France, et près de 10 % des victimes décèdent dans l’heure. Prévenir ces accidents cardiaques bien avant qu’ils n’arrivent pourrait faire reculer le nombre de victimes.
Aujourd’hui, pour prédire le risque d’infarctus, les médecins suivent l’évolution du cholestérol et la pression artérielle. Mais les auteurs assurent que cette prédiction précoce serait plus précise avec le dosage de la troponine.
Ils reconnaissent toutefois que de nouvelles études devraient être menées avec des plus grands groupes de personnes, et notamment des femmes, pour confirmer ces résultats.