Ils commençaient à tourner la page, à se réapproprier la Promenade des Anglais. Mais cinq mois après le drame qui a frappé Nice, l’attenat de Berlin ravive les traumatismes. Devant l’attaque au camion dans un marché de Noël dans la soirée de lundi 19 décembre, impossible de ne pas avoir en tête le poids lourd qui a fauché la vie à 86 personnes le 14 juillet dernier.
Une même scène d’horreur suivie du même décompte macabre. Deux jours après le drame, l’Allemagne pleure 12 morts et 48 blessés, dont 14 entre la vie et mort. Et une fois encore, les trottoirs se transforment en mausolée en hommage aux victimes. Des images bouleversantes qui réveillent le cauchemar des Niçois.
Le traumatisme ravivé
« Toutes situations qui rappellent directement l’attentat de Nice, comme les hommages et les commémorations, et évidemment toutes situations similaires à ce qui ce qui s’est passé ravivent les souvenirs et peuvent accentuer les symptômes psychotraumatiques chez les victimes », explique à Pourquoidocteur le Pr Michel Benoît, chef de psychiatrie de l’hôpital Pasteur 1 de Nice (Alpes-Maritime) qui a organisé la première cellule d’écoute et qui continue de suivre plusieurs victimes.
Depuis les attentats, plus de 1 200 Niçois sont venus consulter un psychiatre, et une grande majorité est encore suivie. Plus de 600 enfants et adolescents bénéficient aussi d’un accompagnement professionnel. « L’activité de suivi est encore importante à Nice, et elle devrait se poursuivre encore plusieurs mois car une grande proportion de personnes souffre encore de symptômes psychotraumatiques », souligne le psychiatre.
Noël, une période difficile
De fait, la reconstruction des blessés psychiques est longue, et à chaque fois malmenée lorsqu’un nouvel attentat se produit. Une sensation d’insécurité et de détresse par ailleurs exacerbée à l’approche des Fêtes de fin d’année. « Incontestablement, les Fêtes auront une connotation très particulière cette année à Nice, glisse le Pr Benoît. L’attentat a touché des familles entières sur plusieurs générations. C’est un drame familial. Alors cette période symboliquement familiale quelles que soient les religions peut raviver un mal être chez les personnes encore confrontées à un deuil traumatique ».
La répétition de ces attaques peut également conduire les victimes à rester encore un peu plus chez elle, à éviter les sorties et fuir la foule. Or, le psychiatre niçois l’assure, il faut les inciter à sortir, mais surtout à confier leurs craintes à des professionnels. Il espère ainsi que le drame dans la capitale allemande suscitera chez des personnes qui n’ont pas encore consulté l’envie de sortir du silence.