Dix fois plus de ruptures d’approvisionnement de médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM) en 2014 qu’en 2008. C'est le constat de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) récemment. Et les ruptures de stocks sur ces produits essentiels ne semblent pas faiblir. C'est en effet ce que prouve le dernier bilan publié par le Conseil National de l'Ordre des Pharmaciens (CNOP).
Entre le 1er février 2015 et novembre 2016, l'Ordre des pharmaciens a répertorié quasiment 200 000 déclarations de ruptures (médicament indisponible dans les 72 heures) signalées par les officines. Soit 2 % des molécules vendues. Les vaccins sont les plus touchés (22 % manquants, avec un délai moyen de 139 jours), suivis par les produits dermatologiques (6 %, 116 jours), les hormones systémiques (6 %, 34 jours), les hormones sexuelles ou génito-urinaires (8 %, 100 jours). et les médicaments ciblant muscles et squelettes (3,1 %, 129 jours).
Les causes des ruptures d’approvisionnement
Pour le CNOP est sans appel, « les ruptures d’approvisionnement de médicaments constituent une véritable préoccupation de santé publique ». Depuis 2006, les professionnels de santé de tous les pays, dont la France, notent une hausse importante du nombre de ruptures d’approvisionnement. « Celles-ci concernent aussi bien les pharmacies d’officine que les établissements de santé et tous les types de spécialités », précise l'Ordre.
D'après l'Ordre, les causes sont « nombreuses et multifactorielles ». Parmi les principales, la production : capacité de production insuffisante, retard de production, incapacité de production (manque de matières premières responsable de 17% des ruptures selon l’ANSM). L' Ordre cite aussi la mondialisation de la fabrication (une seule usine pour tous les pays) et de la demande, mais également la libre circulation des biens et la distribution vers des pays à prix plus avantageux.
Le DP-Ruptures : une innovation majeure
Pour se prémunir, l'Ordre des pharmaciens a mis en place le DP-Ruptures. Même s'il ne peut agir sur les ruptures d’approvisionnement elles-mêmes, il améliore la circulation de l’information entre les acteurs et en conséquence la gestion des ruptures d’approvisionnement. Expérimenté depuis mars 2013, l'outil est actuellement en cours de généralisation. Le DP-Ruptures permet par exemple aux pharmaciens d’officine et de pharmacie à usage intérieur (PUI) de signaler les ruptures d’approvisionnement par l’intermédiaire de leur logiciel métier ou en mode "web service" au laboratoire exploitant concerné et aux autorités sanitaires concernées (l'ANSM par exemple).
En retour de leur déclaration, les déclarants ont accès aux informations prévues par les textes : date de retour prévue, médicaments alternatifs etc. Le DP-Ruptures offre aussi la possibilité, par les déclarations des pharmaciens dispensateurs, de quantifier les ruptures d’approvisionnement (classes thérapeutiques touchées, taux de rupture, durées moyennes et médianes des ruptures).
Source : CNOP