Dans le domaine de la prostate, les robots chirurgicaux prennent une place croissante. La Haute Autorité de Santé (HAS) vient d’émettre un avis favorable au remboursement par la Sécurité sociale de la « prostatectomie totale par cœlioscopie robot assistée » pour le traitement du cancer localisé de la prostate.
« En France, on estime à près de 20 000 le nombre annuel de prostatectomies totales, précise la HAS. Traitement de référence dans certains cas de cancer de la prostate, ces ablations totales sont effectuées soit par chirurgie ouverte soit par laparoscopie, conventionnelle ou robot-assistée ».
Pas mieux que les autres techniques
La HAS a donc évalué la chirurgie robot-assistée et considère, que « lorsqu'elle est réalisée dans un cadre organisationnel défini, elle peut représenter une des modalités possibles de prostatectomie totale lors du traitement d'un cancer de la prostate localisé mais sans valeur ajoutée démontrée par rapport aux autres techniques ».
L'amélioration du service médical rendu (ASMR), sorte de note donnée pour évaluer par la suite son niveau de prise en charge, a été jugée comparativement à la prostatectomie totale par chirurgie ouverte et absente comparativement à la prostatectomie totale par laparoscopie conventionnelle.
Plus d'erreurs ?
L'utilisation de la robotique en chirurgie suscite des critiques de la part de certains praticiens. En ligne de mire : un coût trop élevé et peu d'avantages prouvés pour le patient.
Dans la chirurgie de la prostate, ce type d’intervention serait également plus dangereux, à en croire une étude américaine menée par des chercheurs de la San Diego School of Medicine (Université de Californie) publiée dans la revue scientifique JAMA Surgery.
Pour parvenir à cette conclusion, l'équipe a analysé les indicateurs de sécurité des patients élaborées par l'Agence américaine pour la recherche en santé et qualité (AHRQ) sur les hôpitaux américains entre 2003 à 2009. De fait, aux Etats-Unis, cette technique est fort répandue – bien plus qu’en France.
Or, selon ces travaux, le risque d'erreur médicale pour les patients a été multiplié par deux lors de prostatectomies robotiques minimalement invasives (MIRPs). Un bilan inquiétant encore plus marqué en 2006, l'année où les hôpitaux américains ont adopté la poursuite de la chirurgie mini-invasive robotique dans le traitement du cancer de la prostate.
Nécessaire formation
Toutefois, cette marge d’erreur serait très liée à la formation du praticien. Les scientifiques pointent ainsi du doigt le manque d'expérience des chirurgiens utilisant cette technique. L'équipe indique que « la prostatectomie robotique par des chirurgiens expérimentés s'est avérée très bénéfique pour les patients. Avec moins de perte de sang, moins d'infections, et la réduction des durées d'hospitalisation. »
Cette formation constitue une étape particulièrement importante au vu de la vitesse grand V à laquelle ce développe cette technologie. En 2003, on estimait que 617 prostatectomies robotiques minimalement invasives (MIRPs) avaient été réalisées aux États-Unis. En 2009, ce nombre est passé à 37 753.