L'année 2016 avait débuté avec la déclaration de la fin de l'épidémie de fièvre hémorragique Ebola, en Afrique de l'Ouest. Elle se termine avec l'annonce par l'OMS, le 22 décembre, de résultats plus qu'encourageants pour le vaccin r-VSV Zebov : testé chez des personnes en contact avec des patients infectés, il aurait évité 100 % de contamination.
Les résultats de l'essai clinique, baptisé Ebola ça suffit ! ont été publiés dans l'édition du 23 décembre de la revue médicale The Lancet. Les chercheurs y expliquent avoir inclus plus de 11 000 personnes, recrutées en Guinée et en Sierra Leone parmi les cercles de connaissances de patients infectés. Cette technique de vaccination, dite « en ceinture », est celle qui avait été employée pour éradiquer la variole.
Au total, les scientifiques ont ainsi défini 117 cercles, ou « clusters » de 80 personnes, en moyenne. Celles-ci devaient recevoir, de manière aléatoire, le vaccin soit immédiatement, soit après un délai de 3 semaines.
Devant des résultats préliminaires très positifs sur l'efficacité du vaccin, toutes avaient finalement reçu une dose immédiatement, y compris les enfants de plus de 6 ans, exclus initialement de l'essai.
Essai historique
L'essai, aujourd'hui terminé, a montré que les personnes qui avaient reçu le vaccin dans les plus brefs délais après leur contact avec une personne infectée n'avaient pas développé la maladie dans les 10 jours. Ceci montre une totale efficacité du vaccin, et ce, dans un délai très court, un atout pour circonscrire une épidémie.
Les chercheurs soulignent aussi que la vaccination « en ceinture » a permis, en vaccinant certaines personnes, d'en protéger d'autres. Cet essai n'était cependant pas réalisé pour évaluer cet effet « collatéral », d'autres recherches seront donc nécessaires.
Les effets secondaires rapportés sont mineurs dans la plupart des cas, mais la sécurité du produit reste à évaluer chez les enfants de moins de 6 ans, ainsi que chez les femmes enceintes et les personnes fragiles, infectées par le VIH notamment. Par ailleurs, la durée de l'efficacité du vaccin reste à déterminer.
« Cet essai à la fois historique et innovant a été possible grâce à la collaboration et à la coordination internationales exemplaires, à la contribution de nombreux experts partout dans le monde et à une forte implication locale », a déclaré le Dr John-Arne Røttingen, directeur spécialisé de l’Institut norvégien de santé publique et président du groupe de pilotage de l’étude.
Armés contre une prochaine épidémie
La sous-directrice générale de l'OMS, le Dr Marie-Paule Kieny, qui a également mené cet essai clinique, se montre désormais confiante face au virus qui a tué plus de 11 300 personnes entre 2013 et 2016. Elle a ainsi déclaré que ces résultats montraient que les autorités sanitaires ne seraient pas sans défense lorsqu'une prochaine flambée d'Ebola se produirait.
Car si l'année 2016 a été marquée par la fin de l'épidémie, les experts restent sur le qui-vive. Réunis en novembre dernier à Dakar, pour une conférence de santé, les spécialistes avaient appelé à la plus grande prudence. Ils avaient ainsi averti qu'à défaut d'une vigilance accrue, la fièvre hémorragique pourrait réapparaître à tout moment dans les trois pays touchés en 2013.
Plusieurs études ont en effet montré que le virus pouvait survivre des mois dans les liquides biologiques, jusqu'à 565 jours même dans le sperme d'un patient. Et l'on sait maintenant que de nombreuses personnes ont été contaminées, et donc contagieuses, sans développer le moindre symptôme.
Gagner la bataille contre Ebola nécessitera donc une mobilisation constante des autorités de santé dans les prochains mois.
Le laboratoire Merck, qui a les droits de commercialisation du vaccin, s'est engagé dans le cadre d'un partenariat avec l'Alliance GAVI à soumettre le vaccin pour autorisation d’ici fin 2017, et à garantir la disponibilité de 300 000 doses pour une utilisation d’urgence en attendant une mise sur le marché.