Une bactérie entre en guerre contre le virus de la dengue en Nouvelle-Calédonie. A ses côtés, des moustiques modifiés. Nouméa a lancé une nouvelle phase dans sa lutte contre cette maladie infectieuse. Car la capitale de la collectivité française fait face à une rude épidémie depuis mai 2016. Elle s’est donc associée avec l’université Monash (Australie). La bactérie Wolbachia sera inoculée à des moustiques Aedes, vecteurs de l’infection, qui seront ensuite relâchés sur les îles touchées.
Une explosion des cas
Des températures douces, un fort taux d’humidité, de l’eau stagnante… Le paysage paradisiaque de la Nouvelle-Calédonie est aussi très propice au développement des moustiques Aedes. Ils transmettent plusieurs arboviroses, dont la dengue. L’épidémie est sévère dans la collectivité française : depuis le 1e septembre, 140 cas ont été signalés. Et la tendance est à la hausse.
Source : Direction des affaires sanitaires et sociales (DASS)
Aux grands maux, les grands remèdes. Face à cette explosion des infections, Nouméa a noué un partenariat avec l’université Monash. L’établissement développe, depuis 2011, une approche alternative dans la lutte contre les arboviroses. Elle consiste à introduire la bactérie Wolbachia chez les insectes vecteurs. Sa présence rend l’animal incapable de transmettre les virus comme la dengue ou encore le Zika.
Eradication sous 3 ans
Encore faut-il propager cette bactérie dans la population sauvage. Pour cela, des moustiques contaminés sont relâchés dans la zone ciblée. A Nouméa, ce devrait être fait d’ici 2018. Les autorités municipales espèrent ainsi éradiquer les arboviroses d’ici 3 à 4 ans. « Grâce à cette méthode autonome (…), nous pouvons aujourd’hui utiliser le meilleur de la nature pour lutter contre le pire de la nature », se félicite le Dr Tristan Derycke, adjoint au maire de la capitale.
La Nouvelle-Calédonie n’est pas la première à adopter cette approche. Des tests ont été réalisés en Australie, en Asie du Sud-est mais aussi au Brésil, qui a subi une forte épidémie de Zika. La lutte contre la dengue est urgente : chaque année, 50 millions de cas sont recensés. 500 000 d’entre eux relèvent d’une forme hémorragique, mortelle dans un cas sur cinq.
Regardez l'émission L'invité santé de Pourquoidocteur
Avec Anna-Bella Failloux (Institut Pasteur, Paris)
Diffusé le 07/07/2016 :