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Décédée d'une crise cardiaque

Carrie Fisher : une vie de lutte contre les troubles bipolaires

Par Audrey Vaugrente

Carrie Fisher est décédée 4 jours après avoir fait une crise cardiaque. Tout au long de sa vie, elle a évoqué sans tabou le trouble bipolaire dont elle souffrait.

Carrie Fisher et sa statue de cire au musée Madame Tussauds de Londres (Shutterstock/SIPA)
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Une étoile s’est éteinte dans la galaxie. Après 60 ans passés sur Terre, Carrie Fisher est morte des suites d’une crise cardiaque ce 27 décembre à Los Angeles (Etats-Unis). Elle aura combattu quatre jours. Déjà, les hommages se multiplient sur les réseaux sociaux et dans les journaux. Le réalisateur George Lucas salue ainsi une femme « extrêmement intelligente », « dotée d’une personnalité très colorée ». Colorée, cela ne fait aucun doute. L’actrice, romancière et scénariste n’a pas seulement incarné Leia Organa dans la saga Star Wars. Carrie Fisher était aussi admirée pour son franc parler. Elle a notamment lutté pour sortir le trouble bipolaire de l’ombre. Avec succès.

Electrochocs et automédication

Carrie Fisher « n'avait pas besoin de la Force, estime Steven Spielberg dans les colonnes d’Entertainment Weekly. Elle était une force de la nature, de loyauté et d'amitié. » Cette force, elle se retrouve aussi dans sa transparence. Très tôt, l’Américaine révèle qu’elle souffre d’un trouble bipolaire, diagnostiqué à l’âge de 24 ans. Qu’elle n’accepte que 5 ans plus tard. Depuis, ses interventions à ce sujet se sont multipliées. Dans un roman en partie autobiographique, Bons baisers d’Hollywood, l’actrice évoque aussi ses addictions à l’alcool et aux drogues dures – LSD, cocaïne…

Wishful Drinking, son roman autobiographique, est l’occasion de revenir sur sa maladie. « J’allais plus vite que tout autour de moi, ce qui m’a rendue folle, confie-t-elle à WebMD à l’occasion de sa sortie. On se sent en décalage avec le monde. » Carrie Fisher concède alors souffrir, la plupart du temps, de phases maniaques. Et ne dissimule pas les difficultés à vivre avec ces symptômes.

Les traitements sont pour le moins violents : elle développe une addiction à des médicaments, qu’elle utilise en automédication. Un sujet qu’elle aborde dans le documentaire réalisé par l’acteur Stephen Fry : The Secret Life of the Manic Depressive (La vie secrète des maniaco-dépressifs). L’actrice avoue aussi avoir reçu des électrochocs.


Carrie Fisher dans le costume de Leia Organa sur le plateau de Star Wars
(Tom Simpson/Flickr)

« Je te surveillerai »

Malade, l’actrice n’en est pas moins solidaire. Sa plume est admirée dans le milieu du roman comme dans celui du scénario. En 2016, elle la met au service du Guardian : elle prend en main le courrier des lecteurs. Sa dernière tribune, justement, constitue un échange avec une lectrice elle aussi bipolaire. Elle décrit le trouble comme « une maladie difficile » qu’il faut surmonter.

La lutte contre les symptômes devient alors l’occasion d’exprimer son héroïsme, de devenir un survivant. Un discours fort qui pousse les patients à prendre le dessus sur la pathologie. « Tu es venue à moi, cela a demandé du courage. Appuie-toi là-dessus, lance-t-elle à sa correspondante. En tant que sœur bipolaire, je te surveillerai. Sors et montre-moi ce dont tu es capable. »

Avec ces paroles stimulantes, Carrie Fisher a gagné l’amour de toute une communauté, non pas pour ses films, mais pour son attitude combattive. Une journaliste du Guardian demande même d’oublier le bikini doré qui l’a rendue célèbre. « Aux yeux des personnes atteintes de troubles mentaux, Carrie Fisher était une reine », écrit Hannah Jane Parkinson. Une reine dont l’héritage n’est pas près de s'effacer.