Du musée Larco au Parque de la Reserva, les touristes qui découvrent Lima ne manquent pas de sites à visiter. Mais peut-être ne savent-ils pas que la capitale du Pérou abrite également un musée peu banal, qui ne recèle aucune oeuvre d’art, mais des cerveaux humains ! C’est que ce que nous révèle l’Agence France-Presse, partie en reportage dans cette « cérébrothèque ».
Pour les amateurs de curiosités médicales, c’est à l’hôpital Santo Toribio de Mogrovejo qu’il faut se rendre. Fondé il y a 316 ans, cet hôpital est l'un des plus anciens de la région. Il a longtemps été le derniers lieu de séjour des patients considérés comme « incurables ». Aujourd’hui, les visiteurs qu’ils soient médecins, chercheurs ou simples touristes peuvent y découvrir 290 cerveaux, soit 10 % de tous ceux que possèdent le musée.
C’est la neuropathologue Diana Rivas qui dirige cette institution et sélectionne les encéphales susceptibles d’intéresser le musée. « Ici nous faisons les autopsies, c'est moi-même qui m'en charge », explique-t-elle aux journalistes de l’AFP. Derrière la spécialiste, de nombreuses étagères sur lesquelles sont alignés des dizaines de cerveaux, conservés chacun dans un bocal rempli de formol, et marqué d’une belle étiquette blanche. Dessus un simple numéro, ou la pathologie dont souffrait le patient.
Maladie d’Alzheimer, démence de Pick, microcéphalie ou encore atteintes parasitaires, les étudiants en médecine peuvent ici découvrir la réalité anatomique des maladies cérébrales décrites en cours. « Nous montrons aux étudiants à quoi ressemble un cerveau sain et ensuite nous voyons un cerveau malade, comme celui-ci qui est atteint de cysticercose, première cause de convulsions », explique la neuropathologue.
Une pièce semble soulever des réactions particulières. « Quand les étudiants voient ça, 95% réagissent bien mais 5% prennent peur, certains s'évanouissent ou vomissent », raconte la médecin. Pour ceux qui ont le coeur bien accroché, il est ainsi possible de découvrir un cerveau atteint d’encéphalocèle, une hernie, congénitale ou consécutive à une blessure, qui fait que le tissu cérébral pend comme une chevelure dans la boîte crânienne.
La visite peut aussi avoir des vertus en matière de prévention. Dans une solution bleutée flotte un objet difficile à identifier au premier coup d’oeil. Sur l’étiquette, on peut lire « athérosclérose du polygone de Willis ». Il s’agit des artères chargée de la vascularisation du cerveau, ici obstruées par des plaques d’athérosclérose, et que l’on imagine prélevées chez un patient victime d’AVC. « Ce n'est pas bon d'abuser des graisses, des hamburgers », souligne Diana Rivas. De quoi réfléchir à deux fois à son menu de réveillon…