Ils l’ont d’abord combattu, dans la rue et les manifestations, mais en vain. Le paquet neutre est arrivé chez les buralistes cette année dans la plus grande des réticences. Depuis le 20 novembre, seuls ces emballages sans marketing sont livrés aux débitants de tabac : les fabricants et les distributeurs ont eu six mois, à compter du 20 mai 2016, pour écouler leurs stocks de paquets non neutres. Au 1er janvier 2017, sur les présentoirs, on ne trouvera plus que les boîtes vertes-grisâtres de cigarettes.
Carottes, grèves, menaces
Les buralistes ont tout tenté pour faire reculer le ministère de la Santé sur cette réforme vivement encouragée par l’Organisation Mondiale de la Santé. Opération largage de carottes devant le Sénat - quatre tonnes déversées en signe de protestation ; menaces de faire capoter l’Euro de football, de boycotter l’Euro Millions ; recours devant le Conseil d’Etat et bien sûr, grèves à répétition – certains ont même fait une grève de la faim.
Las. Les recours ont été rejetés, les carottes ont nourri les chevaux de la garde républicaine et les buralistes en privation nutritive ont dû à nouveau se réalimenter, car le gouvernement n’a pas cédé.
Le dispositif soutenu par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, vise à lutter contre l’attractivité du paquet de cigarettes conditionné à grand renfort de marketing (en forme de rouge à lèvres, emballages brillants…). Il ne vise pas tant à modifier la perception du tabagisme chez les fumeurs actuels – il n’a qu’un faible impact, semble-t-il, sur eux.
Perceptions des jeunes
En revanche, le paquet neutre agit au niveau des perceptions développées par les plus jeunes, selon les études scientifiques publiées sur le sujet. De vastes travaux menée en Australie, où il est en vigueur depuis 2012, montrent que le paquet neutre augmente la perception des risques associés au tabagisme chez les jeunes ; il donnerait aussi l’impression que les cigarettes sont « moins bonnes ».
Pour aider les buralistes, le gouvernement a décidé de revaloriser leur rémunération dans les cinq prochaines années. Les vendeurs de cigarettes pourraient toucher environ 9,9 % brut sur le prix d'un paquet, contre 9 % aujourd'hui. Cela représente un gain de 100 millions d'euros par an pour la profession.