Le temps défile ; difficile d'y voir clair dans cet enchaînement d'événements, de faits, de phénomènes dont il est parfois difficile de tirer toute la mesure au moment où ils surviennent. D'où les rétrospectives, qui nous permettent de mieux comprendre de quoi notre époque est faite. Pourquoidocteur revient sur les petites et les grandes mesures qui ont façonné cette année 2016 et changeront votre quotidien en 2017.
- Le tiers payant est entré en vigueur
Il a été très décrié par une majorité de médecins. Pour autant, le tiers payant est entré en vigueur en juillet de manière non contraignante. Seuls les praticiens qui le souhaitent peuvent l'appliquer - il deviendra obligatoire pour les patients pris en charge a 100% dès ce dimanche 1er janvier. Depuis cet été, quatre millions de patients ont été pris en charge avec le tiers payant qui dispense d'avancer la part de l'Assurance maladie.
- La couverture des mutuelles diminue
L'accès aux soins risque toutefois d'en prendre un petit coup. Car si les patients n'ont plus à avancer la part sécurité sociale chez le médecin, ils sont malgré tout tenus d'avancer celle de la mutuelle si le médecin le souhaite. Or, la couverture des dépassements d'honoraires par les complémentaires santé va diminuer. En 2017, les complémentaires ne rembourseront plus les dépassements d’honoraires au-delà d’un plafond fixé à 100 % du tarif de la sécurité sociale.
- Le paquet neutre a débarqué
L'année a été marquée par un tournant dans la lutte contre le tabagisme en France. Sur les présentoirs des buralistes, les paquets de cigarettes neutres ont progressivement remplacé les paquets marketés, colorés et potentiellement attractifs. Les premiers paquets neutres, qui visent à modifier la perception du tabac, ont commencé à affluer vers le mois de novembre, alors que démarrait en France le premier "Moi(s) sans tabac", une initiative qui a rencontré un franc succès. Dès le 1er janvier, il n'y aura plus que des paquets neutres.
- Le don d'organes a évolué
Un débat s'est invité cette année : celui sur le don d'organes. Quand neuf Français sur dix se disent favorables à offrir leur corps pour en sauver d'autres, dans la pratique, le taux de refus exprimé par les familles avoisine les 40 %... Cherchez l'erreur ! Dès le 1er janvier, votre consentement sera donc présumé et la famille ne pourra s'opposer au don qu'à travers un témoignage écrit, daté et signé, précisant que de votre vivant, vous y étiez fermement opposé.
- Environnement : des pesticides interdits
En 2016, les problématiques environnementales et leur impact sanitaire ont pris de l'ampleur. Les discussions européennes, où toutes les règles se décident mais qui habituellement passent inaperçues des citoyens, ont été placées sous le feu des projecteurs. Résultat : au glyphosate, pesticide emblématique, la Commission a fini par délivrer une autorisation sous conditions relativement strictes - elle était prête à donner feu vert pour dix ans les yeux fermés. L'avancée peut sembler timide mais elle est significative. Les citoyens européens observent désormais ce qu'il se passe dans cette instance et exigent d'elle un certain niveau de protection.
La France, elle, a décidé de prendre les devants en interdisant le glyphosate sur son sol. Cette année, l'Anses a retiré du marché 132 produits formulés avec cette substance toxique. Le pays a également interdit les néonicotinoïdes, ces "pesticides tueurs d'abeilles".
- Pollution de l'air : Paris adopte la vignette
En 2016, année la plus chaude jamais enregistrée, la planète a étouffé. Les Parisiens aussi ont suffoqué dans un brouillard de particules fines, au rythme des épisodes de pollution successifs. Dès le 16 janvier, ils devront équiper leur automobile d'une vignette écologique, indiquant le niveau d'émission de leur voiture grâce à un code couleur. Lors des pics de pollution, seuls les véhicules les plus propres pourront circuler. Les véhicules datant d'avant 1997 n'ont déjà plus le droit de circuler la journée en semaine (du lundi au vendredi de 8h à 20h).
- Dépendance : les droits des aidants renforcés
Cette année, les personnes qui accompagnent au quotidien leurs proches malades ou dépendants ont vu leurs droits se renforcer. Ainsi, dès le 1er janvier 2017, elles pourront bénéficier d'un congé de proche aidant d'un an, fractionnable selon les besoins qu'exige la situation. Ce congé se substitue au congé de soutien familial et élargit le champ des salariés qui peuvent en bénéficier, ainsi que celui des personnes aidées. Par ailleurs, les salariés qui ont un an d'ancienneté peuvent y prétendre (contre deux ans actuellement).
- La médecine du travail en prend un coup
Mais l'année a aussi été marquée par des reculs et rétropédalages. Il en va ainsi de la médecine du travail, qui a subi un sérieux coup de rabot. En 2017, la visite médicale d’embauche sera supprimée et remplacée par une simple visite d’information et de prévention, à reconduire dans les cinq ans. Seuls les postes exposés à des éléments toxiques (amiante, plomb, agents mutagènes, cancérogènes, rayonnements ionisants, risque hyperbare...) auront une visite médicale d'embauche. Un marqueur fort de la médecine du travail est tombé, à une époque où la santé des travailleurs induit pourtant de multiples enjeux.