Pour prévenir la survenue de l’asthme chez les enfants, il n’est jamais trop tôt pour agir. Une étude publiée dans le New England Journal of Médecine assure qu’il est possible de réduire le risque de cette pathologie respiratoire chez les tout-petits grâce à la supplémentation en oméga-3 au cours de la grossesse.
De nombreuses études ont montré que les populations consommant des quantités importantes de poissons sont peu touchées par l’asthme. C’est notamment le cas des Esquimaux, dont deux-tiers de l’alimentation se compose d’animaux marins, riches en oméga-3. Ces acides gras essentiels à l’organisme seraient en effet capables de réduire les processus inflammatoires. Ils se présentent donc comme une stratégie intéressante pour éviter la survenue de l’asthme, une inflammation chronique des bronches.
Un risque réduit de 30 à 50 %
Pour tester l’efficacité de ce traitement préventif, les chercheurs de l’université de Waterloo ont analysé le sang de 736 femmes danoises enceintes de 24 semaines, ainsi que des échantillons prélevés une semaine après leur accouchement. La moitié des participantes ont reçu 2,4 g d’oméga-3 (DHA et EPA) par jour, tandis que l’autre moitié a reçu un placebo. La santé des enfants a ensuite été suivie durant plus de 5 ans, âge auquel les symptômes de l’asthme peuvent clairement être établis.
Au terme de l’expérience, les chercheurs ont estimé que les enfants exposés in utero à des quantités importantes en oméga-3 ont un risque d’asthme réduit de 31 %. « Nous suspectons depuis longtemps un lien entre les propriétés anti-inflammatoires des acides gras oméga 3 à longue chaîne, les faibles apports dans le régime occidental et la prévalence en hausse de l’asthme chez les enfants, souligne le Pr Hans Bisgaard de l’hôpital universitaire de Copenhague (Danemark). Cette étude prouve que tous ces éléments sont reliés. »
Stratégie préventive
Ces travaux suggèrent également que les femmes présentant des faibles taux d’EPA et DHA dans le sang au début de l’expérience sont celles qui ont le plus bénéficié de la supplémentation. Leurs enfants ont en effet présenté un risque de développer de l’asthme diminué de 54 %. « Identifier ces femmes et leur apporter des oméga-3 en supplémentation pourrait être considéré comme une solution de première ligne pour réduire et prévenir l’asthme chez l’enfant », indique le Pr Ken Stark, co-auteur de l’étude.
« L’asthme et les sifflements ont plus que doublé dans les pays occidentaux ces dernières décennies. Nous avons maintenant une stratégie préventive pour inverser cette tendance », ajoute le Pr Bisgaard.
En France, une enquête nationale réalisée tous les deux ans auprès des enfants scolarisés en maternelle, primaire et collège montre que l’asthme concerne 10 à 16 % des écoliers. Cette prévalence diminue chez l’adulte et est estimée à environ 7 %.