Il fait grincer des dents de nombreux médecins depuis plus de deux ans. Une nouvelle étape importante du tiers payant vient pourtant d’être franchie. Depuis le 1e janvier, les patients pris en charge à 100 % par l’Assurance maladie, soit les femmes enceintes à partir du 6ème mois de grossesse et les personnes atteintes d’affection de longue durée (ALD), peuvent bénéficier du tiers payant. Plus de 11 millions de patients pourront ainsi demander une dispense d’avance de frais à leurs médecins.
« Cette mesure facilitera l’accès aux soins des personnes ayant des bas salaires, et notamment ceux qui sont au dessus des minimas sociaux, salue Claude Rambaud, co-présidente du Collectif Interassociatif Sur la Santé (CISS). Beaucoup de Français savent qu’à partir du 20 du mois, ils sont à quelques centimes près, ce qui les fait repousser leur rendez-vous chez le médecin. Le tiers payant est donc une très bonne chose. »
Mais cette avancée pour les patients ne va pas assez loin pour Claude Rambaud. Aujourd’hui, les médecins sont tenus d’appliquer le tiers payant pour la partie Assurance maladie. La partie mutuelle reste donc à la charge des patients, bien que les médecins peuvent proposer d’appliquer le tiers payant dans sa totalité.
Aucune sanction
Un dispositif « trop complexe » pour les principaux syndicats de médecins libéraux. Pour affirmer une nouvelle fois leur refus du tiers payant généralisé, MG France, le premier syndicat de médecins généralistes, a appelé au boycott de cette dispense d’avance de frais optionnelle. D’autres syndicats, comme la CSMF farouchement hostile au tiers payant, appellent leurs confrères à ne pas l’appliquer du tout.
« Si les professionnels refusent de pratiquer le tiers payant, les patients peuvent prévenir le Caisse primaire d’assurance maladie ou une association de patients qui peut les représenter comme le CISS », indique Claude Rambaud qui déplore qu’aucune sanction ne sera prise à l’encontre des médecins récalcitrants. Le directeur de l’Assurance maladie, Nicolas Revel, a en effet assurait aux médecins qu’ils ne s’exposeront à aucune sanction s’ils refusaient de l’appliquer.