Tristesse, irritabilité, anxiété. Les semaines qui précèdent les règles sont un cap difficile pour de nombreuses femmes. 2 à 5 % d’entre elles souffrent d’un trouble dysphorique prémenstruel. Les fameuses variations d’humeur si souvent décrites dans l’imaginaire collectif. Mais ces perturbations ont une origine génétique. Des chercheurs des Instituts américains de la santé l’expliquent dans Molecular Psychiatry.
56 % d’hérédité
Les blagues douteuses sur la période prémenstruelle sont légion. Et pourtant, les troubles de l’humeur sont bien réels. A tel point que le manuel diagnostique de référence en psychologie, le DSM-V, classe le trouble dysphorique prémenstruel parmi les troubles dépressifs. Certaines femmes y sont particulièrement exposées : cette pathologie a une part héréditaire de 56 %. Une part du mystère de ce trouble mental réside dans notre ADN.
L’expression de certains gènes est perturbée entre l’ovulation et les menstruations. Cela se traduit par un enchaînement de mécanismes moléculaires erronés qui provoquent les symptômes. Les auteurs de cette étude l’ont confirmé, en laboratoire, après avoir prélevé les globules blancs de femmes présentant le trouble dysphorique prémenstruel et d’autres qui n’en souffrent pas. Au total, 67 participantes ont été recrutées.
Une activité génétique perturbée
Les chercheurs ont étudié la façon dont les gènes présents dans ces globules blancs s’expriment en fonction des variations hormonales. Ils se sont intéressés à un complexe rassemblant 13 gènes dont l’activité est interdépendante. La conclusion ne fait pas l’ombre d’un doute : l’expression génétique est perturbée chez les femmes qui présentent un trouble dysphorique menstruel. Pour cela, ils ont inhibé ou suractivé, in vitro, la production des œstrogènes et de la progestérone dans les cellules des femmes.
Source : Peter Schmidt, M.D., NIMH., David Goldman, M.D., NIAAA
Plus de la moitié des gènes du complexe ESC/E(Z) sont surexprimés au niveau de la transcription. Certains d’entre eux se retrouvent dans le cerveau, ce qui expliquerait le phénomène. Mais les protéines qui transmettent l’ordre vers l’organisme, elles, sont en sous-nombre. Les hormones ont en outre des modes d’action différents : la progestérone booste certains gènes, l’œstrogène en fait chuter d’autres. « Le trouble dysphorique prémenstruel est un trouble de la réponse cellulaire aux œstrogènes et à la progestérone », conclut Peter Schmidt, qui signe l’étude.