Aux grands maux, les grands remèdes. A partir de ce 5 janvier, près de 8000 000 oiseaux d’élevage seront abattus dans le Sud-ouest à titre préventif. La mesure, annoncée par le ministère de l’Agriculture, a pour objectif d’interrompre la progression de la grippe aviaire dans la région. 150 communes sont visées par ces mesures. Au total, ce sont 95 foyers qui ont été recensés depuis la fin du mois de novembre. La majorité des cas se concentre dans le Gers et les Landes, où la situation continue d’évoluer.
Le virus H5N8 n’a pas pris les autorités sanitaires de court. Et pourtant, en dépit des multiples mesures de protection, cette souche hautement pathogène continue de circuler. Ainsi, « une zone concentrant la majorité des derniers foyers confirmés (…) n’est pas encore stabilisée », reconnaît le ministère de l’Agriculture. Face à cette influenza aviaire très contagieuse, l’administration a déployé les grands moyens.
Des appels de détresse
Du 5 au 20 janvier, les opérations d’abattage seront menées dans 150 communes du Sud-ouest fixées par arrêté. Les animaux, même sains, seront abattus selon les conditions précises. Un second arrêté vise à assurer que « les précautions nécessaires sont prises pour réduire les souffrances animales jusqu'à la mise à mort ». Une précaution délicate mais qui risque de signifier bien peu pour les éleveurs. D’autant qu’ils ont déjà été confrontés à un vide sanitaire l’année précédente.
« L'an dernier, on a reçu plusieurs appels d’urgence », confirme Anne-Laure Maldiney, de la Mutualité Société Agricole (MSA). Contactée par Pourquoidocteur, la coordinatrice de la cellule de prévention du mal-être en agriculture à la MSA Midi-Pyrénées-Sud précise que la structure a envoyé des courriers aux préfectures touchées. Ils listent les professionnels qui peuvent aider les éleveurs en difficulté.
Des élevages vidés
Les abattages seront réalisés en deux phases : d’abord dans la zone de protection de 3 km, puis dans la zone de surveillance de 10 km si les mesures se sont avérées inefficaces. Un nettoyage et une désinfection des bâtiments seront ensuite imposés. Un vide sanitaire qui n’en porte pas le nom, en somme. « La difficulté porte surtout sur l’abattage d’animaux qui ne sont pas malades, explique Anne-Laure Maldiney. Les agriculteurs comprennent que cela cible les animaux malades, mais c’est plus difficile à accepter pour des animaux sains. » De fait, travailler pour cette issue a de quoi décourager…
S’y ajoutent des difficultés financières majeures qui risquent de menacer l’équilibre de nombreux agriculteurs. Et si les crises ne sont pas rares, celles de ce type peuvent facilement faire basculer. « La spécificité, c’est la notion d’urgence qui émerge lorsqu’un agriculteur est en difficulté », admet Anne-Laure Maldiney. Psychologues, assistants sociaux et infirmiers peuvent alors épauler l’appelant en détresse. Une aide précieuse pour ces professionnels souvent isolés géographiquement et socialement.