La mesure a été adoptée dans le cadre de la loi Santé. Quelques mois plus tard, le décret d’application est en cours de rédaction, nous apprend RTL. Bientôt, les détenus français atteints de toxicomanie auront le droit d’accéder à des seringues propres. Certains pourront, sous conditions, disposer d’une telle seringue dans leur cellule. L’objectif étant de diminuer la transmission du VIH et d’autres maladies infectieuses au sein de la population carcérale.
Pragmatisme
L’idée peut sembler contre-intuitive et certains ne manqueront pas de lui trouver bien des défauts. Pourtant, la mesure procède d’une vision pragmatique. Au-delà de tout aspect moral et légal, c’est un fait : en prison, les drogues circulent. La proportion de personnes toxicomanes y est beaucoup plus élevée qu’en population générale et les détenus s’injectent des produits qu’ils fabriquent eux-mêmes, avec des seringues artisanales, conçues avec les moyens du bord.
Les dégâts associés à une telle pratique sont particulièrement nombreux et graves. Pour tenter d’endiguer cette situation, le ministère de la Santé a donc appliqué une approche que l’on retrouve, aujourd’hui, en dehors des barreaux surtout : la réduction des risques. Ce principe consiste à accompagner l’usage de drogues afin d’en limiter ses dégâts, plutôt qu’à le punir en n’agissant pas sur les comportements.
"Arme"
Le dispositif des seringues en prison a fait ses preuves au niveau international : il permet une réduction de la mortalité par overdose et la transmission des maladies infectieuses. Pour autant, il provoque déjà l’inquiétude des gardiens de prison, qui s’alarment qu’une telle « arme » puisse être à disposition des prisonniers.
Le ministère, dont les propos sont rapportés par RTL, indique qu’il n’est pas question de permettre l’usage de seringue en dehors de toute surveillance. Le recours aux seringues propres se fera sous le contrôle d’une équipe qui, à la manière de celles qui travaillent dans les salles de consommation à moindre risque, prodiguera des conseils aux personnes détenues afin de limiter les risques de leur pratique.