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150 000 morts par an

Les Français négligent les problèmes de coeur

Par Antoine Costa

Les Français devraient mieux prendre soin de leur coeur. Alimentation, sédentarité, tabac… Ils ne sont pas conscients de leur impact sur leur santé cardiovasculaire.

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« Mangez cinq fruits et légumes par jour ». Tout le monde est au courant. Pourtant, seul un tiers des Français suit la recommandation, rapporte une enquête Ifop*, pour l’Observatoire du cœur des Français, à l'initiative de la Fédération française de cardiologie Ils ne sont que 40 % à manger au moins un fruit par jour, et 38 % au moins une fois des légumes.

« Les fruits et légumes apportent des nutriments, des antioxydants et des vitamines qui contribuent à la bonne santé du système artériel, rappelle le Dr François Paillard, cardiologue au CHU Pontchaillou de Rennes, et Vice-président de la Fédération Française de Cardiologie. Une alimentation riche en fruits et légumes réduit le risque de maladies cardiovasculaires de façon très constante dans tous les modèles. Ne seraient-ce qu’un fruit et un légume par jour diminuent le risque d’infarctus de 15%. »

Un décalage entre les connaissances et la pratique

En plus de la carence en fruits et légumes, les Français mangent trop salé. Presque deux tiers d’entre eux resalent régulièrement leur plat à table, et pour presque un quart, c’est systématique. Ils sont pourtant 77 % à estimer avoir une alimentation équilibrée. C’est le constat important que souligne l'enquête : nous n’évaluons pas correctement les facteurs de risques de maladies cardiovasculaires.

L’activité physique, elle aussi, est trop négligée. Pour la majorité des personnes interrogées (57 %), c’est le principal facteur de prévention. Ils sont 61 % à déclarer bouger régulièrement. Mais parmi eux, seulement 37 % reconnaissent limiter leur pratique sportive à un jour par semaine, voire moins. Leur perception de la quantité et de la fréquence d’activité est erronée.

Le tabac, premier facteur à éliminer

Il en va de même pour l’importance du tabac. Seuls 22 % citent l’arrêt du tabac ou le fait de ne pas fumer comme moyen de prévention. Il est pourtant responsable d’un quart des décès cardiovasculaires intervenant avant 70 ans, et de 70 à 80 % des infarctus du myocarde chez les moins de 50 ans.

Les Français sous-estiment les conséquences du tabac sur la santé du cœur et des artères parce qu’ils ont surtout en tête les conséquences sur le développement d’un cancer du poumon, ajoute le Dr Paillard. Les jeunes sujets se disent « C’est bon je suis costaud, je suis capable de faire beaucoup d’activité physique, donc mon cœur va bien, mais ils ne se rendent pas compte que c’est leurs artères qui peuvent être gravement endommagées. »

Sensibilisés aux maladies cardiovasculaires nous en sous-estimons néanmoins l’impact. Plus de trois quart des personnes interrogées estiment qu’elles tuent moins de 200 personnes par jour. C’est en réalité le double, soit 150 000 décès par an. « Les maladies cardio-vasculaires représentent un véritable enjeu de santé publique et il est urgent d’agir, explique le Pr Claire Mounier-Vehier, présidente de la Fédération française de cardiologie. Les Français nous disent qu’ils considèrent le cœur de très loin comme l’organe le plus important du corps. Ils sont conscients qu’ils doivent en prendre soin. Mais nous constatons un décalage important entre une connaissance globale des habitudes à prendre pour protéger son cœur et une réelle difficulté à les mettre en pratique au quotidien. »

Le site de la Fédération française de cardiologie rappelle, sur son site, les bonnes pratiques à adopter, et des conseils pratiques du quotidien pour les tenir.

 

(*) Enquête menée par un questionnaire auto-administré en ligne du 14 au 16 novembre 2016 auprès d’un échantillon de 2 001 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.