Treize résidents décédés dans un EPHAD à Lyon et des urgences saturées sur une grande partie du territoire, c'est le bilan déjà lourd de l'épidémie saisonnière de grippe. Et alors que le pic de l’épidémie n'est pas encore atteint, la ministre de la Santé a réuni ce mercredi les autorités sanitaires pour faire le point sur la surveillance et la gestion de l'évènement.
Marisol Touraine a souligné que les établissements et les professionnels de santé font face. Elle a toutefois reconnu que leur défi était de taille. Ils enregistrent actuellement « un afflux de malades » et les urgences sont « aux limites de leurs capacités» d'accueil. D'après des chiffres ministériels, 142 hôpitaux français sur 850 sont ainsi en « état de tension » à cause de l'épidémie de grippe.
Report des opérations non urgentes
La locataire de l'avenue Duquesne a donc présenté une série de mesures. « Je demande à tous les hôpitaux publics et privés de déprogrammer des opérations (non urgentes), des soins médicaux pour libérer des lits ». Le but de cette mesure consiste à renforcer les capacités d’hospitalisation et éviter ainsi la saturation des urgences. Cette instruction s’ajoute à toutes les mesures que la ministre a déjà mises en œuvre, depuis le début de l’épidémie.
Elle ont consisté notamment à lancer des alertes précoces et régulières aux professionnels libéraux et aux établissements hospitaliers pour assurer une prise en charge optimale des malades ; la sensibilisation et le suivi particulier des maisons de retraite ; mais aussi le rappel des mesures de prévention de protection à la population (diffusion quotidienne de spots sur les chaînes de télévision et de radio depuis plusieurs semaines).
Cas de conscience pour les médecins
Enfin, Marisol Touraine a rappelé aux soignants qu'ils sont face à un cas de conscience. « Le taux de vaccination parmi le personnel soignant reste trop faible », a déclaré la ministre. A l’EHPAD Korian Berthelot de Lyon par exemple, seuls 39 % des membres du personnel étaient vaccinés contre la grippe. Un taux insuffisant pour lutter efficacement contre la propagation de la grippe dans les établissements de santé. Cet incident doit provoquer un déclic chez les professionnels de santé, estime le Pr François Bricaire, infectiologue à l'Hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris) contacté par Pourquoidocteur. « J'insiste sur la nécessité de vacciner les personnels soignants qui s'occupent des personnes âgées », précise-t-il.
Au final, « le bilan de l'épidémie de grippe sera probablement lourd », a conclu Marisol Touraine. L'âge avancé des malades explique, en partie, cette prévision. La moitié des patients de plus de 60 ans qui se rendent aux urgence en raison de l'épidémie de grippe reste à l'hôpital. Cette proportion atteint même 75 % pour les plus de 80 ans.
Dans son dernier bilan, le réseau Sentinelles indique qu'en 4 semaines d'épidémie de grippe 784 000 personnes auraient consulté un généraliste. De son côté, le réseau Irsan enregistre une augmentation des cas de 47,79 % par rapport à la semaine dernière. Au niveau régional, les taux d'incidence les plus élevés sont observés en Auvergne-Rhône-Alpes (597 cas pour 100 000 habitants), en Provence-AlpesCôte d'Azur (541) et en Ile-de-France (451).