Le débat sur le cannabis s’installe lentement dans la société française. Selon les instituts de sondage, l’opinion serait de plus en plus favorable à une évolution de la loi qui prohibe l’usage de cette substance. Une législation inchangée depuis 1970, à l’efficacité très largement contestée sur le plan sanitaire autant que sécuritaire.
Selon un sondage Ifop publié par le site d’information Atlantico, 43 % des Français seraient « favorables à la dépénalisation des drogues douces comme le cannabis », peut-on lire. Des résultats qui confirment une étude précédente menée en octobre par Ipsos pour SOS Addiction, Sciences Po et le CNAM, laquelle montrait qu’un Français sur deux se déclarait favorable à une autorisation de consommer du cannabis - sauf pour les mineurs, et au volant.
S’il reste encore minoritaire, ce groupe d’adhérents à une législation plus permissive gonfle ses rangs au gré des années, comme le montrent les tendances établies depuis 2011 par l’institut.
Source : Ifop / Atlantico
Le débat se politise
Cette inflexion dans l’opinion révèle toutefois des divergences générationnelles, politiques et sociétales, aux contours complexes. Globalement, les moins de 35 ans semblent plus favorables à la dépénalisation du cannabis, mais 50 % d’entre y restent opposés. Les 50-64 ans, quant à eux, se montrent plutôt ouverts sur la question (46 % d’opinion favorable). Le contraste est plus marqué chez les personnes de plus de 75 ans : 71 % se déclarent opposées à un assouplissement législatif.
La société n’est pas la seule à s’emparer de ce débat particulièrement brûlant, alors que plus de quatre millions de Français consomment du cannabis. Au sein de la classe politique, qui s’est longtemps refusée à soulever publiquement cette épineuse question, l'évolution du régime pénal du cannabis n’est plus taboue et plusieurs candidats se sont déjà positionnés sur l’opportunité de dépénaliser cet usage et de réguler l'accès à travers la légalisation.
Un déliement des langues qui fait peut-être écho aux aspirations citoyennes : selon le sondage mené en octobre, 52 % des Français veulent que le sujet s’immisce dans la campagne présidentielle.