Depuis le début d’épidémie de grippe, les Européens se bousculent dans les cabinets médicaux et les services d’urgence. La France, la Finlande ou encore la Grèce sont les pays où la flambée est la plus intense, selon les centres européens de contrôle et de prévention des maladies (ECDC).
Nos voisins sont eux aussi confrontés à une grippe précoce et observent les ravages de la souche H3N2. Les personnes âgées sont massivement touchées par cette épidémie et les cas graves se multiplient « risquant de mettre sous pression les systèmes de santé », souligne l’agence. En Europe, près de 7 patients hospitalisés en réanimation sur 10 ont plus de 65 ans.
Source : Centres européennes de contrôle et de prévention des maladies. Carte actualisée de l'intensité de l'épidémie de grippe saisonnière en Europe.
Dans l’Hexagone, cette situation est déjà une réalité, alors que le pic épidémique aurait déjà été dépassé dans certaines régions, comme l’Ile-de-France et Rhône-Alpes. Sur 805 hôpitaux, 192 ont déclaré être « en tension » et ont dû déprogrammer des opérations non urgentes pour libérer des lits. Un dispositif de désengorgement mis en place à l’échelle nationale à la demande de la ministre de la Santé.
Des mesures exceptionnelles qui auraient pu être évitées, ou prises dans une moindre mesure, si les campagnes de vaccination avaient plus de succès. Comme le rappellent l’ECDC, « pour prévenir les cas sévères, la vaccination des seniors et des personnes à risques est une priorité ».
Faible couverture vaccinale
Sur le Vieux continent, tous les Etats recommandent aux 65 ans et plus – certains la recommandent même à partir de 50 ans – de se vacciner. Les personnes souffrant de pathologies chroniques et les femmes enceintes sont aussi invitées à le faire. Mais malgré les campagnes d’information, de nombreux pays européens, dont la France, les taux de vaccination des seniors sont loin d’apporter une protection collective optimale. Ils varient de 1 % à 76 %.
Selon les dernières données disponibles collectées lors de l’épidémie 2014-2015, seul le Royaume-Uni a affiché un taux de vaccination supérieur à l’objectif européen fixé de 75 %. Viennent ensuite les Pays-Bas, l’Irlande, la Belgique, le Portugal et l’Espagne qui présentent des couvertures vaccinales comprises entre 60 % et 70 %. En France, moins d’une personne âgée sur deux se fait vacciner. Mais ce sont les pays de l’Est qui boudent le plus la vaccination antigrippale avec moins d’un adulte de 65 ans et plus sur 3 immunisés à moins de 1 sur 10.
Source : Centres européennes de contrôle et de prévention des maladies. Couverture vaccinale des personnes âgées dans 25 Etats européens pour la saison 3013-2014 et 2014-2015.
Des soignants peu vaccinés
Une faible couverture vaccinale qui concerne également les soignants. En Europe, tous les pays la recommandent à ces professionnels, mais ils sont libres de choisir de se faire vacciner. D’après les données livrées par 13 pays européens mais pas par la France , entre 5 % et 54 % des professionnels de santé ont reçu l’injection en 2014/2015. Là encore, les Britanniques sont les champions de la vaccination alors les Polonais portent le bonnet d’âne.
Source : Centres européennes de contrôle et de prévention des maladies. Couverture vaccinale des professionnels de santé dans 13 Etats européens pour la saison 3013-2014 et 2014-2015.
En France, selon une évaluation publiée en 2011, à peine un tiers des soignants se font vacciner. Mais de grandes variations existent entre ces professionnels : plus de la moitié des médecins sont vaccinés tandis que moins de 25 % des infirmières et des sages femmes le sont ainsi que 19 % des aides soignantes. Des taux insuffisants qui ont fait à nouveau émerger l’idée de rendre ce vaccin obligatoire pour les personnels soignants. Une idée loin d’être réfutée par les instances ordinales. Le Conseil national de l’Ordre des médecins et l’Ordre national des infirmiers ont en effet déclaré à Pourquoidocteur que cette disposition doit être envisagée.