Entrer dans la chambre de sa fille et tomber sur un canard version Sonia Rykiel, des boules de geishas ou un lapin vibrant peut troubler certains parents voire les inquiéter ou les choquer. Autant se préparer à cette situation pour le meilleur mais pas pour le pire.
Au fond du tiroir
L’objet embarrassant a été délogé au fond d’un tiroir, dissimulé sous une montagne de sous-vêtements. Là, il y a un petit problème estime le Dr Marie Veluire, gynécologue et sexologue,co auteur du guide « Les adolescents et la sexualité » ( Robert Laffont). « Le parent n’a pas à fouiller, il lui faut tout remettre en ordre comme si de rien n’était et garder le silence quoi qu’il en coûte. Le parent n’ignore plus que sa fille adolescente a une vie intime. Il n’a pas à en tirer de conclusion, si ce n’est que l’identité sexuelle de son enfant est en pleine maturation ».
A peine dissimulé
Le sex toy émerge au milieu des jeans et pulls jonchés sur le sol dans le chaos ambiant. Là, il en va tout autrement et le parent est en droit de se sentir concerné. « L’objet du délit ne se trouve pas là par hasard, reconnaît la spécialiste. Cela mérite au moins une allusion : « j’ai trouvé ça. Tu l’as peut-être laissé traîner par terre dans ta chambre pour m’informer. On peut en parler si tu veux ? ».
Ne rêvons pas, il y a de grandes chances que l’ado s’évapore en bredouillant qu’il n’en est pas question. Une chose est sûre, l’ado n’abandonnera plus son joujou n’importe où. A partir de là, tout le monde aura compris que la petite devient une femme et a bien grandi depuis la dernière fois que l'adorable canard jaune flottait dans son bain. « Surtout, en agissant de la sorte, son parent lui reconnaît la possibilité d’une intimité sans culpabilité ni jugement ou punition. Et tout ça sans en avoir parlé ! ».
Un sex toy pour quoi faire ?
C’est tout à fait par hasard que la conversation atterrit sur le sujet. Par exemple, l’ado tombe sur un documentaire à la télé, ou alors, elle découvre le sujet traité dans un magazine et pose des questions. Ou mieux encore, elle s’informe pour conseiller sa copine « Morgane a un godemiché, tu en penses quoi maman ? »
Dans tous les cas, on opte pour l’option la plus constructive : trouver une réponse argumentée en convoquant au besoin un spécialiste. « Si on habitue son corps à être hyper stimulé dès l’éveil de la sexualité, il risque ensuite de ne pas bien réagir à des caresses plus classiques et beaucoup moins « vibrantes », prévient le Dr Sylvain Mimoun co-auteur de Ados, amour et sexualité ( Albin Michel). Et plus tard, si on a déjà employé toutes les munitions disponibles, à quoi pourra-t-on faire appel pour réveiller sa libido ? ».
Rappelons que la vocation première de ces petits joujoux dans le couple est de casser la routine. Les sex toys, utilisés dans la complicité à deux, apportent un renouvellement à la sexualité et pimentent les ébats. Leur fonction est d’étonner, de renouveler le cinéma érotique et les fantasmes ou les libidos fatiguées. « Au début de la vie sexuelle, ces objets ou ces dispositifs n’ont à priori aucune utilité, constate le sexologue Sylvain Mimoun. On tente déjà de découvrir l’autre sexe et soi-même. Il sera toujours temps d’utiliser ces joujoux les « jours de fête », lorsqu’on sera plus expérimentée ». Patience donc, le plaisir à venir n’en sera que meilleur.