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QUESTION D'ACTU

Julien, 35 ans, infirmier

Hôpital : «Le FN dénonce ce que je constate tous les jours»

Hôpital : \ HADJ/SIPA




ENQUÊTE - Partagés entre le rejet des partis traditionnels et un désir de changement, beaucoup d'infirmiers se tournent vers le FN. C'est le cas de Julien, abîmé par 8 ans d'exercice à l'hôpital.

Julien, 35 ans, a exercé à l’hôpital public pendant 8 ans. Mais depuis deux ans, ce professionnel s’est installé en libéral dans la grande région lyonnaise. Après une jeunesse à gauche, il se revendique désormais comme un sympathisant Front National. Mais a tenu à rester anonyme. Proche du « Collectif des Usagers de la Santé » créé il y un an par Marine Le Pen, il n’exclut pas de s’engager plus activement dans ce mouvement prochainement. « S’ils créent une antenne à Lyon, je répondrai peut-être présent ». Et il espère que le FN remportera la Présidentielle de 2017. Il nous explique les raisons de son basculement vers ce parti. La dégradation des conditions d'exercice à l'hôpital public n'y sont pas étrangères. 

Pourquoi avoir choisi le FN ?
Julien
 : Aux dernières élections présidentielles de 2012, j’avais déjà voté FN. Après une jeunesse plutôt à gauche par rapport à mes idées sur le travail, je ne me suis plus retrouvé dans ce choix politique. Ce qui m’a fait aller vers le FN, ce sont avant tout des changements de société. Comme la confrontation dans mon quotidien à des phénomènes tels que l’insécurité ou l’immigration. Je me suis dit : "ce mouvement dénonce des choses que je constate dans ma vie de tous les jours". En parallèle, j’ai de plus en plus trouvé les autres partis déconnectés de la réalité. Y compris dans leur discours sur la santé. L’hôpital est à mes yeux le miroir exacerbé de tous les maux de la société.

Comment cela se traduit-il dans les couloirs de l’hôpital ?
Julien
 : A l’hôpital, toute la société se retrouve. De plus, les personnes présents sont dans un moment qui est celui du besoin de soins. Donc les choses sont exacerbées. Violence, insécurité, à l'hôpital, les personnels y sont confrontés quotidiennement. En tant qu’infirmier, j’ai personnellement vécu les insultes et les menaces. C'était même devenu la routine. Mais des collègues urgentistes ont connu pire, des agressions physiques. C'est gravissime. 

Au-delà des patients, vos conditions de travail s’étaient-elles dégradées
Julien : Oui, c’est incontestable. Les conditions de travail m’ont usé. Il y a un vrai manque de reconnaissance pour les fonctionnaires de catégorie B (infirmiers) et C (aide-soignants) à l’hôpital. Au niveau salarial notamment. En plus, nous sommes tout le temps rappelés sur nos temps de repos. Ainsi, toutes les personnes ont des comptes d’heures qui sont au plafond. La plupart du temps, ils ne les récupèrent jamais car, à l’hôpital, on est toujours en flux tendu. Ce sont des conditions de travail anormales car notre métier c’est le soin, et là on abîme le personnel soignant. Les répercussions sont sur les patients que l'’on reçoit.

En quoi les arguments de Marine Le Pen vous ont-ils convaincu ?
Julien : A mes yeux, les gens du FN sont les seuls vraiment attachés au principe de l’hôpital public et à la Sécurité sociale. Face à un François Fillon qui propose aux fonctionnaires hospitaliers de travailler 39 heures payées 35, il n’y pas photo. Le candidat de la droite propose un remède de cheval à un hôpital malade. Marine Le Pen, c’est la nouveauté, l’espoir que ça change réellement. Si elle tient ses promesses, je n’exclus pas de revenir un jour à l’hôpital public. Cet engagement est une flamme qui ne s’éteint jamais.

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