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Etude dans le Lancet

Le stress fatigue le coeur et les artères

Par La rédaction

Le stress n'est bon ni pour le coeur, ni pour les artères. Il active une réaction en chaîne qui favorise les incidents cardiovasculaires graves et les maladies chroniques.

photographee.eu/epictura

Le stress, un facteur de risque cardiovasculaire au même titre que le tabac. Pour la première fois, une étude montre que les tensions quotidiennes nuisent à la survie. Publiée dans le prestigieux Lancet, elle plaide pour une meilleure prise en compte de ce paramètre dans l’évaluation du risque cardiovasculaire.

293 personnes ont pris part à ces travaux. Après une évaluation subjective du stress subi, ces volontaires ont passé plusieurs scanners. Ils avaient pour objectif de mesurer l’activité du cerveau, de la moelle osseuse, de la rate ainsi que le niveau d’inflammation des artères. En moyenne, les participants ont été suivis pendant presque 4 ans.

Plus d'inflammation

Lors de l’analyse des résultats, les chercheurs se sont concentrés sur l’activité de l’amygdale, une région cérébrale impliquée dans l’expression du stress. Une hausse d’activité est associée à un risque 1,6 fois plus élevé d’incident cardiovasculaire. Cela inclut les AVC, les infarctus mais aussi les maladies chroniques du système cardiovasculaire (maladie artérielle périphérique, insuffisance cardiaque, angine de poitrine).

Ces événements surviennent aussi plus tôt que chez les volontaires plus détendus. Mais ça n’est pas tout : une hausse d’activité dans l’amygdale est associée à une élévation de celle de la moelle osseuse et à plus d’inflammation artérielle.

Un mécanisme biologique est avancé par les auteurs de cette étude. Il s’agirait, selon eux, d’une réaction en chaîne qui commence par l’activité accrue de l’amygdale. Cette zone du cerveau envoie le signal de production de globules blancs vers la moelle osseuse, qui réagit en les envoyant vers les artères. Ils s’y agglutinent alors en forme de plaque, ce qui provoque une athérosclérose. Cette inflammation est alors à l’origine d’incidents cardiovasculaires.

Le stress agit aussi sur le système nerveux sympathique, sur l’axe hypothalamique-pituaire-surrénal (HPS), augmente le rythme cardiaque et la pression artérielle… Un large éventail qui participe lui aussi à l’élévation du risque cardiovasculaire.

Un stress courant

Une sous-étude, menée sur 13 patients souffrant de stress post-traumatique, confirme ces résultats. Les mêmes examens ont été réalisés, doublés d’une mesure du taux de protéine C-réactive. Elle témoigne de l’inflammation dans l’organisme. Là encore, les personnes présentant les symptômes les plus sévères sont celles dont l’activité de l’amygdale est la plus forte.

Ahmed Tawakol, qui signe ces travaux, estime que « le stress chronique finira par être traité comme un facteur de risque cardiovasculaire important ». Ce qui inclut un dépistage régulier et une prévention adaptée. C’est aussi l’avis d’Ilze Bot, de l’université de Leyde (Pays-Bas), qui signe un commentaire associé à cette étude. L’experte en biopharmacie rappelle que les sources de stress psychosocial sont de plus en plus présentes au quotidien.

« Une charge de travail lourde, la précarité professionnelle ou encore le fait de vivre dans la pauvreté sont autant de circonstances qui peuvent aboutir à un stress chronique, ce qui peut provoquer des troubles psychologiques chroniques comme la dépression », illustre-t-elle. Plus de recherches sont nécessaires avant de confirmer ces résultats. Mais les chercheurs estiment que leurs travaux pourraient mener à de nouvelles méthodes de ciblage et de prise en charge des facteurs de risque liés au stress.