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Vaccin anti-HPV

Cancer du col de l’utérus : une vaccination insuffisante pour les spécialistes

Par Antoine Costa

En France, la couverture vaccinale contre le papillomavirus humain (HPV) reste insuffisante, selon les spécialistes.

imagepointfr/epictura

La France est à la traîne en matière de vaccination contre le papillomavirus humain (HPV). C’est en tout cas ce qu’estime la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale (SFCPCV) à l’occasion de son 40e congrès national qui se tient les 13 et 14 janvier à Paris. La Société veut susciter une prise de conscience, alors que la maladie touche 2 800 femmes par an et fait un millier de victimes en France.

La faute, selon ces experts, à un dépistage mal organisé, mais aussi à une couverture vaccinale insuffisante parmi les adolescentes de l'Hexagone. Le vaccin anti-HPV existe sous deux formes : le Gardasil qui protège contre les HPV de types 6, 11, 16 et 18, et le Cervarix qui protège contre les HPV de types 16 et 18, ces deux derniers types étant les plus redoutés car ils provoquent 70 % des cancers invasifs et des lésions précancéreuses du col de l’utérus dans le monde.

Un vaccin discrédité

Autorisés dans 130 pays, ces vaccins ont été injectés à plus de 72 millions de personnes depuis leur commercialisation en 2007. Avec l’Australie, les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni et l’Allemagne, la France a été l’un des premiers pays à proposer le vaccin à partir de 2006.

Mais en 2013, une polémique éclate. Le Gardasil est accusé de provoquer des maladies auto-immunes, et une cinquantaine de plaintes sont déposées au pénal contre le laboratoire fabriquant le vaccin. Deux ans plus tard, une étude réalisée conjointement par l’Agence nationale du médicament (ANSM) et l’Assurance Maladie auprès de 2,2 millions de jeunes filles dans le monde montre que le vaccin anti-HPV n’est pas en cause. Le parquet de Paris classe alors les plaintes sans suite.

Mais le discrédit était jeté. Les Français continuent de se méfier de ce vaccin pourtant largement utilisé chez nos voisins d’Europe du Nord, par exemple. Moins de 20 % des jeunes filles françaises de moins de 15 ans sont vaccinées contre le papillomavirus contre 90% en Finlande ou 85% au Royaume-Uni, relève la SFCPCV.

Une centaine de virus

Dans l'Hexagone, le vaccin est seulement recommandé aux filles entre 11 et 14 ans avant tout rapport sexuel, mais l’autorisation de mise sur le marché précise que les jeunes filles peuvent se faire vacciner dès l’âge de 9 ans. Un rattrapage est possible jusqu’à 19 ans.

Une étude américaine publiée en octobre a évalué l’impact de la vaccination sur les anomalies du tissu du col de l’utérus. Menée à l’échelle des habitants du Nouveau-Mexique, où la couverture vaccinale est plutôt bonne, l’étude montre que les lésions précancéreuses ont chuté de moitié.

Les HPV représentent plus d’une centaine de virus, dont une quinzaine sont responsables de cancers du col de l’utérus chez la femme, de cancer du pénis chez l’homme et dans les deux sexes de cancers de l’anus et oropharyngés. L'infection HPV est l’infection virale la plus courante de l’appareil reproducteur.

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