« Ne mange pas ça, tu vas grossir », « Ne te ressers pas, tu as assez mangé ». Chers parents, ces paroles vous semblent familières ? Vous les avez vous-mêmes prononcées au cours des repas de peur que votre progéniture prenne du poids ? Si ces conseils partent d’une bonne intention, ils seraient pourtant contre-productifs. A en croire une étude parue dans Psychological science, les enfants dont les parents estiment qu’ils sont en surpoids ont beaucoup plus de risque de l’être réellement 10 ans plus tard.
En suivant la croissance de près de 3 000 enfants australiens, les chercheurs de l’université de Liverpool (Grande-Bretagne) et leurs collègues de l’université d’état de Floride (Etats-Unis) ont en effet constaté qu’une mauvaise perception du poids des enfants favoriserait une prise de poids importante au cours de l’enfance et à l’adolescence.
Le poids du regard parental
Les petits participants étaient âgés de 4 ou 5 ans au début de l’étude. Leur poids et leur taille ont été mesurés, et ont montré une variété de corpulence. De leur côté, les parents ont été interrogés sur leur perception du poids de leur enfant. Si de nombreux parents semblent indulgents et sous-estiment le surpoids de leur enfant, un certain nombre trouvent que leur enfant a des kilos en trop.
A 12-13 ans, les enfants ont à nouveau été vus par les chercheurs. Cette fois, ils ont demandé aux jeunes participants de se décrire et se comparer à des photos de personnes maigres, de poids normal, en surpoids ou obèses. Ils leur ont également demandé s’ils avaient déjà essayé de suivre un régime. Puis à 14-15 ans, leur poids et taille ont à nouveau été mesurés.
Les résultats révèlent alors que les enfants perçus comme en surpoids ont pris beaucoup plus de poids en 10 ans que les enfants perçus comme de poids normal. Une association observée quelque soit le poids réel des enfants et leur sexe. Autrement dit, un enfant de poids normal mais considéré en surpoids a pris plus de poids qu’un enfant dont les parents ont sous-estimé ses kilos en trop. Ces observations ont également été réalisés chez une cohorte de 5 900 familles irlandaises, précisent les auteurs.
Dépister grâce au carnet de santé
« Alors que la perception des parents est évoquée comme un élément clé dans la prévention de l’obésité et son traitement, les récentes études suggèrent le contraire, relèvent Eric Robinson (Liverpool) et Angeline Sutin (Floride). Lorsqu’un parent estime qu’un enfant est en surpoids, cet enfant a plus de risque de prendre du poids à l’avenir ». Les chercheurs supposent que ces répercussions négatives sont liées « à la stigmatisation associée à l’obésité et au surpoids ».
Pour identifier les premiers signes de l’obésité, mieux vaut se référer à un indicateur fiable : les courbes de croissance dans le carnet de santé. Le pédiatre est aussi le professionnel le mieux placé pour aider les parents à prendre conscience de l’état de santé de l’enfant.