Jay Franzone a le sens du sacrifice. A 21 ans, ce jeune Américain figure parmi les tout premiers homosexuels à pouvoir donner son sang aux Etats-Unis. Une démarche fort altruiste, qui a exigé de lui une générosité plus grande encore, peut-être, que quelques gouttes de sang : Jay Franzone a dû s’abstenir de toute relation sexuelle pendant un an.
« Même pas une fellation »
Une traversée du désert de 365 jours, condition nécessaire pour que les homosexuels puissent donner leur sang. Outre-Atlantique, l’interdiction pour cette population a été levée en décembre 2015. Toutefois cette autorisation s’est assortie d’une contrainte, que d’aucuns pourraient juger lourde : l’abstinence sexuelle pendant une année précédant le don.
Un défi que Jay Franzone a accepté de relever au nom de la solidarité et de la santé publique, mais avec quelques réserves… Cité par HBO’s VICE News, le jeune homme dénonce en effet une forme d’injustice. « Je n’ai même pas pratiqué de fellation. C’est un risque minuscule, incalculable (…) donc je n’ai pas eu de sexe oral pendant un an. Mais mon meilleur pote, lui, peut coucher avec huit femmes différentes en une semaine, sans protection, et aller donner son sang. Pas de problème. Il y a quelque chose de fondamentalement inadmissible là-dedans ».
Situation identique en France
Pour Jay Franzone, qui relate son expérience dans le New York Times, il est temps de faire évoluer la législation pour la rapprocher de celle de l’Espagne, ou de l’Italie, deux pays où les dons sont évalués au cas par cas.
Par ailleurs, le jeune homme rappelle que si les restrictions qui pèsent sur le don de sang des homosexuels étaient justifiées dans les années 1980, elles n’ont aujourd’hui plus de fondement scientifique réel. Un constat partagé par la Croix Rouge américaine, l’Association médicale américaine et la Banque américaine du sang qui jugeaient en 2014 « discriminatoire » l’interdiction qui pesait alors sur les homosexuels, et soulignait qu’elle ne reposait sur « aucun fondement scientifique ».
En France, le don de sang des homosexuels est autorisé depuis l'été 2016. Dans le cas du don de plasma, les exigences sont les mêmes que pour une personne hétérosexuelle : être en couple stable depuis quatre mois ou rester abstinent sur la même durée. Mais pour qu’un homme ayant des relations sexuelles avec des hommes soit éligible au don total, l’abstinence doit durer un an.