Notre denrée vitale nous tuerait-elle à petit feu ? Alors que les inquiétudes grandissent au sujet des perturbateurs endocriniens et de leur toxicité sur l’être humain, Générations Futures publie une enquête aux résultats peu réjouissants sur la présence de PPE (pesticides perturbateurs endocriniens) dans l’eau.
L’étude s’inscrit dans un contexte particulier. En juillet 2016, le ministère de la Santé a publié un rapport sur le « bilan de la qualité de l’eau au robinet du consommateur vis-à-vis des pesticides en 2014 ». En 2014, c’est le ministère de l’Ecologie qui a dégainé une enquête sur les « Pesticides les plus quantifiés dans les cours d'eau et dans les eaux souterraines en 2013. »
Eaux contaminées
« Si ces rapports nous informent sur la présence des pesticides dans l’eau, jamais n’y est évoqué à proprement parlé les propriétés toxicologiques des molécules trouvées, notamment les polluants pouvant être perturbateurs endocriniens », rappelle Génération Futures, qui a donc entrepris un travail d’analyse consistant à repérer, parmi les résidus de pesticides ou leurs produits de dégradation (métabolites), les éventuelles molécules perturbatrices du système endocrinien (PE).
Concernant les eaux de surface en métropole, les résultats montrent que 73 % des pesticides ou de leurs métabolites les plus quantifiés en 2013 sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens (PE). Cela représente 11 pesticides ou métabolites sur 15 ; seuls quatre ne sont pas soupçonnés de perturber le système hormonal.
Les eaux souterraines de la métropole ne sont pas tellement mieux garnies. Plus de la moitié (53 %) des pesticides ou métabolites les plus quantifiés en 2013 sont suspectés d’être PE, soit huit des 15 molécules classées, précise Générations Futures.
Les errements de l'Europe
« Rapport après rapport, notre association n’a de cesse d’alerter sur l’exposition des populations, tout particulièrement les plus vulnérables, aux perturbateurs endocriniens. Et ce nouveau rapport vient encore démontrer l’urgence à agir et de retirer les pesticides perturbateurs endocriniens du marché ! » déclare François Veillerette, directeur de Générations Futures, cité dans un communiqué.
Pour rappel, la Commission européenne doit depuis trois ans retenir des critères permettant de définir les PE et de les interdire. Le 21 décembre 2016, la Commission tentait de faire voter ces critères, provoquant l’indignation de plusieurs Etats (dont la France et la Suède) et des associations. En effet, ces critères induisaient un niveau de preuves inatteignable et une possibilité de dérogation, inaptes à protéger les populations. Dans l’impossibilité de faire voter ces critères, la Commission a dû revoir sa copie. Elle doit présenter et faire voter ces nouveaux critères le 26 janvier.