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Un an après leur hospitalisation

Ebola : 3 survivants sur 4 ont encore des problèmes de santé

Par Julian Prial

Les résultats du suivi des survivants d'Ebola montrent qu'un an après leur hospitalisation, 3 sur 4 déclarent encore des problèmes de santé. 40 % souffrent de fatigue ou de fièvre. 

Epictura/Lekha

La dernière épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest a été d'une telle ampleur qu'elle a entrainé à la fois un nombre de décès sans précédent mais également un nombre de survivants jamais atteint par le passé (17 000 survivants). Face à cette situation inédite, des questions médicales fondamentales et de recherche ont émergé. Quelles complications le virus pouvait-il entrainer à long terme ? Quelles pouvaient être les conséquences psychosociales pour les survivants ? Un risque de réactivation tardive du virus existait-t-il ? Quelle est sa persistance dans l'organisme et quelles en sont les possibles transmissions sexuelles ? 

Afin de répondre à toutes ces questions, l’Inserm s’est engagé avec les autorités sanitaires Guinéennes, à organiser le suivi des survivants à l’infection. Des chercheurs de l'Unité mixte internationale de recherches translationnelles sur le VIH et les maladies infectieuses (Inserm/IRD) ont mis en place une cohorte de suivi de personnes ayant survécu à l'infection par le virus Ebola en Guinée en mars 2015. La cohorte PostEbogui (1) est composée de 802 personnes (sur les 1 270 survivants de l'épidémie déclarés en Guinée). Toutes sont entrées dans cette étude multidisciplinaire, un an en moyenne après leur infection initiale. Leur suivi biologique, psychologique, sociologique ainsi que la mesure de leur charge virale ont été réalisés 1, 3, 6, 9 et 12 mois après leur inclusion dans la cohorte.

38 % souffrent de douleurs musculo-squelettiques  

Et les résultats publiés dans la revue The Lancet Infectious Diseases sont sans appel. Un an après leur hospitalisation, les trois quarts des survivants déclarent encore des symptômes cliniques. 40 % des patients de la cohorte souffrent de symptômes dits d'ordres généraux (fatigue/fièvre/anorexie). Des troubles de la vision touchent 18 % des patients (conjonctivites; déficiences visuelles (allant jusqu'à la cécité) et douleurs oculaires). 38 % des patients souffrent de douleurs musculo-squelettiques (douleurs aux articulations et faiblesse musculaire) 35% se plaignent de maux de tête, 2 % de surdité et 22 % de douleurs abdominales.

« La fréquence de ces symptômes a heureusement tendance à s'atténuer dans le temps et deviennent moins prégnants à mesure que l'on s'éloigne de la phase aiguë de l'infection », explique Eric Delaporte, directeur de l’Unité Mixte internationale « Recherches translationnelles sur le VIH et les maladies infectieuses », dans un communiqué de l'Inserm. Comparés aux adultes, les enfants ont eu plus d'épisodes de fièvre sur le long terme mais moins de douleurs musculo-squelettiques et de problèmes oculaires.

Des troubles psychologiques 

Par ailleurs, 26 % des survivants souffrent d'anémie. Le virus Ebola était encore présent dans le sperme de 5 % des hommes entre un mois et 18 mois après l'infection. De plus, 26 % des patients se disent stigmatisés après avoir contracté la maladie. Enfin, le risque de dépression est augmenté chez les survivants.

« Les résultats de cette première grande cohorte nous permettent de mieux caractériser ce que nous appelons désormais le syndrome post Ebola. Des complications médicales perdurent ou apparaissent après la phase aiguë de l'infection et ne sont pas négligeables. Elles justifient qu'un suivi médical des patients atteints d'Ebola soit effectué au moins pendant les 18 mois qui suivent l'infection », conclut Eric Delaporte.

(1) 45 % des participants sont des hommes. L'âge médian est de 28 ans (de 1 à 79 ans). Un patient sur 5 est un enfant de moins de 18 ans. Un suivi des réponses immunologiques sera effectué chez une partie des personnes en partenariat avec les chercheurs du Vaccine Research Institute Inserm/ANRS)