Les maires des grandes métropoles de ce monde l'affirment constamment : l’usage des transports en commun permet efficacement de diminuer les émissions de polluants dans l’atmosphère. En faire la promotion pour les déplacements serait donc un pari 100 % gagnant. Sauf que la réalité semble plus contrastée. Les métros eux-mêmes ne sont pas exempts de pollution.
La qualité de l’air est en effet différente selon les enceintes empruntées : dans les gares souterraines, certains polluants, comme le dioxyde d’azote, peuvent être présents en plus faible quantité qu’à l’extérieur (voire quasiment absents, comme l’ozone). Mais d’autres, comme les particules, issues directement de l’exploitation ferroviaire, de la mise en suspension par les voyageurs et du passage de train, peuvent en revanche atteindre des niveaux plus élevés.
Deux modes opératoires utilisés
Une étude menée actuellement par Airparif (1) porte principalement sur les polluants spécifiques des enceintes ferroviaires souterraines, c’est à dire les particules et les composés métalliques émis par l’exploitation ferroviaire. Deux modes opératoires sont utilisés par la réseau de surveillance de la qualité de l'air : la mise en place de stations de mesures « permanentes » dites de référence et des campagnes de trois semaines de mesures pour les autres gares.
Deux gares aux typologies très différentes (système de ventilation, profondeur, volumétrie, ancienneté) servent de référence et feront l’objet de mesures continues pendant deux ans, avec deux stations fixes : l’une à Saint-Michel-Notre-Dame, sur le Quai du RER C, instrumentée par Airparif, l’autre à Magenta, sur le Quai du RER E, équipée par l’Agence d’Essai Ferroviaire (AEF).
Dioxyde d'azote, particules...
Disponibles en temps réel sur le site d’Airparif, les premiers résultats à Saint-Michel indiquent que, sur ces 3 derniers mois, les teneurs en particules( PM10 & PM2,5) sont « élevées ». D'après Airparif, ils sont mêmes comparables à ce qui peut être enregistré dans des tunnels routiers !
Heureusement, les niveaux en dioxyde d’azote (NO2), majoritairement émis par le trafic routier, sont eux moins élevés. Ils « traduisent l’influence de l’air extérieur sur l’air à l’intérieur des gares », précise Airparif dans un communiqué.
Enfin, et c'est une bonne nouvelle, ces premières mesures montrent également une baisse des teneurs les samedis et dimanches par rapport aux jours ouvrés : - 10 % pour le NO2, -15 % pour les PM2.5, -20 % pour les PM10. À noter également que le ratio entre les particules fines PM2.5 (inférieures à 2,5 micromètres) et les particules PM10(inférieures à 10 micromètres) est près de deux fois inférieur à celui observé dans l’air ambiant, « ce qui indique une signature différente des particules observées dans les gares, avec une fraction de particules plus grosses (PM10) plus importante que dans l’extérieur extérieur », conclut le réseau.
Les résultats des différentes campagnes seront publiés au fur et à mesure de la réalisation des campagnes sur les sites d’Airparif et de la SNCF, dès à présent, ainsi que sur celui d’AEF à partir de la fin février. Le rapport final comprenant l’ensemble des gares sera disponible fin 2018.
(1) SNCF a signé un partenariat avec Airparif afin d’évaluer la qualité de l’air dans les enceintes ferroviaires souterraines (EFS). La surveillance de ces espaces est répartie entre Airparif et l’Agence d’essai ferroviaire (AEF, laboratoire d’entreprise de SNCF). Mieux connaître cette atmosphère pour évaluer l’exposition des voyageurs et des agents dans ces espaces fermés et très fréquentés permettra de prioriser ensuite des plans d’actions concertés.