L’épidémie de grippe saisonnière relance le débat autour de la vaccination obligatoire des soignants. En visite à l’hôpital Sainte-Perrine (Paris, 16ème arrondissement), la ministre de la Santé, Marisol Touraine, n’a pas écarté cette proposition et a reconnu qu’elle était « sur la table ».
Cette proposition est notamment motivée par les faibles couvertures vaccinales des professionnels de santé. Uniquement recommandé, le vaccin antigrippal est injecté à moins d’un personnel soignant sur 3 dans les établissements de santé. Mais de grandes variations existent entre les professions.
Si plus de la moitié des médecins sont vaccinés, à peine 25 % des infirmières et des sages-femmes le sont ainsi que 19 % des aides soignantes.
Selon Martin Hirsch, directeur général de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), ces taux sont bien plus faibles : un quart des médecins et 10 % des paramédicaux ont été vaccinés contre la grippe.
En revanche, dans les maisons de retraite, les soignants sont plus prompts à se faire vacciner : 64 % des médecins, 38 % des infirmières et 29 % participent aux campagnes de vaccination. Ces taux restent toutefois en deçà des objectifs européens de 75 %.
Une disposition qui existe déjà
Une situation qui dure depuis des années. En 2006, les parlementaires avaient pourtant essayé d’améliorer la couverture vaccinale en France en inscrivant l’obligation vaccinale des soignants dans le code de santé publique. Mais quelques semaines plus tard, un décret du ministre de la Santé, Xavier Bertrand, paraît et suspend cette disposition.
Techniquement, le ministère de la Santé n’aurait qu’à lever l’interdiction en annulant ce décret. Une mesure que pourrait soutenir le Conseil national de l’Ordre des médecins. Interrogé par Pourquoidocteur, le président de l’instance ordinale Patrick Bouet nous confiait récemment que« ce serait une mesure de bon sens pour ajouter une protection contre les épidémies ».
Du côté des infirmiers, l’obligation vaccinale ne rebute pas non plus. « C'est une question d'éthique et de déontologie. Les soignants et notamment les infirmiers ont un devoir d'exemplarité »,estimait Karim Mamedi, secrétaire général de l’Ordre des Infirmiers (CNOI), tout en soulignant que la priorité devait être mise sur des campagnes de sensibilisation à destination des soignants et l’entourage des personnes vulnérables