Elle a l’air mignon, comme ça, avec ses petites moustaches ébouriffées, son pelage tout doux et sa manière attendrissante de faire sa toilette, en passant ses pattes derrière ses oreilles délicates. La souris, c’est la gentille dans Tom et Jerry ; c’est aussi celle qui remplit les tirelires des enfants quand ils perdent une dent. Mais stimulez une zone de son cerveau et en quelques secondes, ce rongeur inoffensif se muera en une bête féroce, assoiffée de violence et de sang.
"Walking Dead"
Des chercheurs américains ont fait une étrange découverte, à l’occasion d’une expérience menée sur le cerveau des souris. Alors qu’ils stimulaient une zone cérébrale impliquée dans le plaisir et la peur à l’aide d’un laser (la zone amygdalienne, en l’occurrence), ils ont pu constater la transformation immédiate de leurs petits cobayes, devenus des prédateurs insatiables.
Soudainement, les souris stimulées se sont lancées dans une quête enragée de proies, s’attaquant à tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à de la nourriture, plantant furieusement leur paire de dents dans des objets aussi peu comestibles qu’un bâton de bois ou une capsule de bouteille.
« On a mis en route le laser et les souris se sont mises à sauter sur un objet, le tenant entre leurs pattes et le mordant avec force comme si elles essayaient de capturer et de tuer une proie », expliquent les chercheurs, qui relatent cette découverte dans la revue Cell. Ces derniers n’avaient pas l’intention de fabriquer des souris-tueuses. Pour autant, elles leur ont inspiré une métaphore : les zombies de « Walking Dead » - si ce n’est qu’elles n'’attaquaient pas leurs congénères.
Grosse faim
Les auteurs ont donc activé et amplifié l’instinct de prédation chez la souris en stimulant cette zone. Dès que le réseau de neurones visé n’était plus stimulé par le laser, alors, l’agressivité retombait et les souris retrouvaient une activité normale. Les chercheurs notent que la faim joue un rôle très important dans ce comportement prédateur, puisque parmi tous les rongeurs stimulés, les souris affamées poursuivaient les proies avec beaucoup plus d’agressivité que les souris rassasiées.
« Ce système cérébral n'est pas seulement lié à l'agressivité en général, mais semble associé chez ces animaux à la recherche de nourriture », expliquent encore les chercheurs. Des résultats qu’il vaudrait mieux ne pas répliquer sur l’humain, si l’on en croit les nombreux romans et séries de science-fiction qui démarrent dans un laboratoire et s’achèvent avec la fin du monde… !