Selon une récente enquête Stethos (1), près de 50 % des soignants estiment être ou avoir été en situation de souffrance – burnout, conduites addictives – dans leur carrière. Et plus des trois quarts chercheraient de l’aide s’ils se retrouvaient dans une telle situation. Face à l’urgence, l’association Soins aux Professionnels de Santé (SPS) a mis à disposition, depuis le 28 novembre dernier, un numéro vert – 0 805 23 23 36 – gratuit, disponible 24h/24 et 7j/7, pour aider les soignants qui souffrent. Le bilan, après plus d’un mois d’activité de la plateforme d’appel, témoigne du besoin d’écoute et de soutien des professionnels rendus vulnérables.
Au 3 janvier, la plateforme a reçu 220 appels pour une durée totale d’environ 80 heures. Près de 200 appelants différents ont été pris en charge, plusieurs ont été rappelés et suivis par les psychologues SPS, un peu plus d’une dizaine ont appelé plusieurs fois. La durée moyenne des appels est d’environ 20 minutes mais deux appels ont nécessité plus d’une heure d’entretien. Neuf appels ont été passés de nuit et dix appels les dimanches et jours fériés. Les appelants sont en majorité des femmes (les trois-quarts). Environ 60 % de salariés pour 40 % de libéraux.
Les infirmiers sont les plus représentés
La profession la plus représentée est celle des infirmiers. Pas étonnant lorsqu'on se souvient que le 8 novembre dernier, pour la première fois depuis près de trente ans, 18 organisations infirmier.e.s s'étaient uni(e)s pour dénoncer la dégradation des conditions de travail, d'études et de rémunérations auxquelles la profession fait face. Dans ce premier bilan, ils sont suivis des aides-soignants, médecins et pharmaciens. Les départements les plus représentés sont le Finistère, Paris, et le Rhône.
« Je me sens épuisé », « J’ai trop de travail », « Je me sens harcelé », « Je n’en peux plus », « J’ai besoin d’aide », « J’ai décidé de m’en sortir », sont les phrases qui reviennent le plus dans les appels. « Ce bilan d’activité de la plateforme (...) démontre bien l’importance de la mise à disposition d’une structure d’écoute, d’orientation et de soutien des professionnels de santé en souffrance », écrit SPF dans un communiqué.
L'association cite ainsi l'exemple de Sandrine, infirmière, qui a subi, pendant plusieurs années, des pressions des cadres de son service pour faire des « jours-nuits ». Or elle a une maladie rare qui l’empêche de le faire. En fin d’entretien, elle s'est dit soulagée d’avoir pu parler à une tierce personne et d’avoir été entendue. Mais la plateforme SPS d’écoute et de services appelle à la mobilisation de tous les partenaires de la santé pour assurer la pérennité de son action par son financement participatif. Pour soutenir cette action, vous pouvez vous rendre à l'adresse suivante : www.asso-sps.fr.
(1) L’enquête a été menée par internet du 19 septembre au 10 octobre 2016. Plus de 4 000 professionnels de santé y ont répondu. Parmi eux, 25 % sont kinésithérapeutes et un peu plus de 20 % sont médecins. Viennent ensuite les orthophonistes, les infirmiers, les podologues, les pharmaciens, les chirurgiens-dentistes.