Un stimulateur cardiaque sans sonde a été implanté chez un patient de 65 ans sans opération chirurgicale à l’hôpital européen Georges Pompidou (HEGP, Paris). C’est la première fois qu’une équipe de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris installe ce type de pacemaker, 10 fois plus petit qu’un dispositif classique.
Le patient souffrait de bradycardie, un trouble cardiaque responsable d’un ralentissement du rythme généralement inférieur à 50 battements par minute. Pour traiter cette maladie, le stimulateur cardiaque est le choix le plus courant car il aide à rétablir un rythme normal en envoyant des impulsions électriques au cœur.
Un pacemaker révolutionnaire
Depuis 1958, année de la première implantation d’un tel dispositif, le stimulateur cardiaque se compose d’une pile et de deux sondes. Un boîtier contenant la pile est implanté sous la clavicule et les sondes sont introduites dans des veines qui vont jusqu'au cœur. Ce sont ces sondes qui apportent les impulsions électriques au cœur pour le stimuler et l’obliger à battre plus vite. Indispensables, ces sondes sont aussi le maillon faible du dispositif. Outre les risques qu’elles se rompent ou se déplacent, les patients étaient aussi plus susceptibles de souffrir d’infection et de thrombose veineuse.
De ce fait, de nombreuses équipes de recherche se sont attelées au développement d’un stimulateur cardiaque sans sonde. En France, les premières implantations ont eu lieu en 2013 à Grenoble avec le Nanostim, puis en 2014 à Bordeaux avec le Micra TPS. Ce pacemaker miniaturisé renferme la pile, le système électronique et l’électrode. Malgré sa miniaturisation, il dure aussi longtemps qu’un stimulateur classique soit entre 9 et 13 ans. Il a fait preuve de son efficacité lors d’essais cliniques mondiaux coordonnées notamment par le CHU de Bordeaux.
15 implantations en 4 mois
Le 28 décembre dernier, l’équipe de rythmologie de l’HEGP a implanté le stimulateur cardiaque sans sonde Micra TPS. Pas plus grand qu’une pièce de un euro, le dispositif peut être introduit par la veine fémorale au niveau de la cuisse et remonté jusqu’au cœur par un cathéter. « La mise en place de ce pacemaker ne nécessite pas d’incision dans la poitrine ni la création d’une ”poche” chirurgicale sous la peau, contrairement aux techniques d’implantations actuelles », précise le Dr Eloi Marijon, cardiologue en charge de cette première intervention. Deux jours après l’intervention, le patient a pu sortir et se porte très bien.
Les experts assurent que la rapidité et la sécurité de l’intervention devraient progressivement favoriser son utilisation dans les centres habilités, et remplacer les pacemakers classiques. L’équipe de rythmologie de l’HEGP prévoit de réaliser l’implantation du pacemaker chez 15 patients dans les 5 prochains mois. Depuis début janvier, trois patients ont déjà été implantés.