ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Dépistage du mélanome: l'INCa pointe les failles

Cancer de la peau

Dépistage du mélanome: l'INCa pointe les failles

Par Bruno Martrette

Pour l'Institut du cancer, une implication des généralistes permettrait d'améliorer le diagnostic précoce du mélanome. L'examen cutané serait utile pour réduire l'incidence de ce cancer.

JS EVRARD/SIPA

11 000 séjours hospitaliers en 2008 mais aussi 9 784 nouveaux cas en 2011 d'après des projections, ce sont les chiffre du mélanome cutané. Rare, il reste néanmoins  le plus grave des cancers de la peau du fait de sa capacité à métastaser. Brûlures solaires, en particulier dans l'enfance et antécédents familiaux représentent les principaux facteurs de risque.
L'Institut National du Cancer (INCa) et la Haute Autorité de santé (HAS) ont tenté d'identifier "les facteurs de retard au diagnostic". Les agences proposent des pistes d'amélioration des conditions de la détection précoce. Parmi elles, une démarche active des médecins généralistes.

C'est en s'appuyant à la fois sur une revue de la littérature, sur le rapport de la HAS 2006, mais aussi sur des enquêtes de pratique auprès des professionels de santé (généralistes et dermatologues) que l'INCa vient de publier ses recommandations. Avec la confirmation que les actions menées depuis 2006 par l'INCa et la HAS vont dans le bon sens.
Leurs conclusions: impliquer encore davantage les généralistes et identifier les sujets à risque et/ou ayant une lésion suspecte. Complémentaire des dermatologues, la consultation  de médecine générale devrait être répétée à intervalles réguliers pour maintenir son efficacité. En effet, une démarche active de recherche et d'identification des signes d'alerte de mélanomes cutanés (démarche dite de "détection précoce") par les généralistes donnerait, d'après l'INCa, de meilleures chances de guérison.
Elle permettrait d'intervenir avant la phase d'extension métastatique. Il serait donc important d’inciter les généralistes à déshabiller les patients afin de réaliser un examen clinique cutané complet.
Selon une enquête BVA, 46% des médecins généralistes déclarent déshabiller entièrement leurs patients et 24 % déclarent faire un examen cutané complet incluant l’examen des organes génitaux externes. Un chiffre trop bas pour détecter tous les mélanomes. Une recommandation qui prouve ses effets bénéfiques sur le terrain. Des expériences pilotes en région (réseau Mélanome Ouest, réseau mélanome OMECHA : Observatoire des mélanomes en Champagne-Ardenne) ont montré le rôle complémentaire du généraliste dans l’identification des sujets à risque et le diagnostic de lésions suspectes.

Pour l'INCa, l'identification des sujets plus vulnérables peut relever aussi du généraliste. Un travai qui permettrait d'informer ces populations sur les risques qu'ils encourent. Les personnes qui ont des peaux sensibles, des grains de beauté,  ayant eu des coups de soleil à répétition ou qui s'exposent aux UV artificiels, celles qui ont des antécédents familiaux de mélanome cutané, font partie des groupes à risque.

En 2006, la HAS concluait de ne pas mettre en place un programme de dépistage organisé du mélanome en France (à l’exception de l’Allemagne, aucun autre pays en Europe ne l'a fait). Elle préconisait alors la formation des professionnels de santé (médecins généralistes, médecins du travail) au diagnostic précoce et à la sémiologie des mélanomes cutanés et à l’identification des patients à risque.
Comment? Avec l’E-Learning par exemple qui correspond à un apprentissage interactif sur Internet auquel chaque médecin peut avoir accès facilement. L’INCa avait mis également en place dans le courant de l’année 2010 un module de formation multimédia de détection précoce des cancers de la peau à destination des professionnels de santé. Par ailleurs, l’envoi aux médecins généralistes à intervalles réguliers de fiches de recommandations synthétiques pourrait concourir aussi à une meilleure connaissance des facteurs de risque.
En conclusion, former les généralistes à ce type de problèmes et informer la population, voilà les deux moyens pour l'INCa de faire diminuer ce cancer de la peau qui a encore tué 1618 personnes en 2011.