Parmi toutes les souches de la tuberculose, c’est la plus redoutée : la tuberculose ultra-résistante (XDR-TB). Elle ne répond plus à au moins quatre traitements administrés communément pour lutter contre cette infection et en Afrique du Sud, elle ne cesse de proliférer.
Des chercheurs des CDC américains (Centre de Contrôle et de Prévention des maladies) se sont penchés sur ce bacille devenu résistant à l’isoniazide et à la rifampicine, les deux médicaments antituberculeux de première intention les plus efficaces, mais aussi à au moins deux traitements utilisés en seconde intention.
D'homme à homme
Il s’agissait dans cette étude publiée dans la revue New England Journal of Medicine de déterminer pourquoi les autorités nationales ne parviennent pas à contenir l’épidémie, malgré une amélioration du diagnostic et la mise en place d’un programme d’observance des traitements à destination des patients.
Pour ce faire, les chercheurs ont étudié les données de 404 patients atteints de tuberculose ultra-résistante, afin de déterminer si leur tuberculose était devenue résistante en raison d’un traitement inadapté, ou s’ils avaient été contaminés par la souche à la suite d’un contact avec un autre humain infecté.
Or, selon les chercheurs, 69 % des cas étudiés étaient liés à une transmission d’homme à homme. Les travaux montrent que les contaminations par ce biais se sont multipliées en Afrique du Sud, notamment dans la province du KwaZulu-Natal, ce qui a contribué à l’inflation Dun nombre de cas enregistrés depuis 2002.
Casser la chaîne
Ces résultats signifient qu’il existe un cycle de transmission humaine de la tuberculose ultra-résistante, qui dépasse l’unique problématique du mésusage des médicaments. Selon les auteurs, pour venir à bout de cette épidémie, il faut concentrer les efforts sur la compréhension de ce cycle, sur l’identification des personnes infectées ainsi que celles exposées à un risque de contamination en raison de contacts prolongés avec les premières, et sur des mesures permettant de limiter ce risque.
« En atteignant la communauté sans avoir été maîtrisée, la tuberculose ultrarésistante devient très difficile à contenir », expliquent les auteurs, qui estiment que la vie de dizaine de millions de personnes est en danger.
L’Afrique du Sud n’est pas le seul pays à affronter cette souche ultrarésistante, présente dans une centaine de pays. Selon l’OMS, dans le monde, seulement 28 % des cas de tuberculose ultrarésistante sont traités avec succès.