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Royaume-Uni : les médicaments innovants pourraient être rationnés

Par la rédaction

Un médicament innovant sur cinq pourrait faire l’objet d’un rationnement en Angleterre, où le système de santé traverse une crise financière profonde.

shirotie/epictura

Au Royaume-Uni, ce n’est pas le moment d’avoir un cancer. Le NHS (National Health System), équivalent de notre Assurance Maladie, s’apprêterait à rationner l’accès à plusieurs traitements innovants afin de pallier les difficultés financières du système de santé anglais.

L’information relayée par la Tribune, émane du quotidien The Times, qui a eu accès à un rapport du National Institute For Health and Care Excellence (NICE), l’instance publique chargée de fixer le prix des médicaments. Selon le journal britannique, 20 % des traitements innovants récemment approuvés au Royaume-Uni pourraient faire l’objet d’un rationnement.

Délais

En pratique, la mesure concernerait une douzaine de médicaments. Si elle est appliquée à partir du mois d’avril, comme cela semble prévu, des personnes atteintes de cancer, de diabète ou d’asthme devront patienter pour avoir accès aux traitements rationnés. Le NHS pourra augmenter les délais d’attente pour les patients qui souhaitent avoir accès à ces médicaments et ce, même si ces patients ont été déclarés éligibles au traitement.

En effet, outre-Manche, l’accès à certains traitements se calcule selon des paramètres médico-économiques que la France n’a pas encore eu à déployer – mais pour combien de temps ? En Angleterre, un patient atteint de cancer ne peut pas prétendre à un traitement innovant si son médecin juge que le bénéfice apporté est trop modéré par rapport au prix déboursé. Les médecins eux-mêmes doivent penser en terme de coût-efficacité : ils disposent d’une « enveloppe » fermée pour leurs prescriptions, c’est à dire un taux fixe de dépenses qu’ils ne peuvent pas dépasser.

Défi

Les traitements innovants, très efficaces mais trop onéreux, constituent un défi pour la collectivité qui peine à prendre en charge leur coût. Le Royaume-Uni s’est déjà démarqué par une politique de prise en charge très stricte, en réservant, par exemple, le remboursement des traitements contre l’hépatite C à 10 000 patients par an, quand le pays compte 160 000 personnes atteintes de cette infection virale.

Ces mesures visent à répondre à la crise financière que traverse le NHS. Les médicaments innovants, récemment approuvés en Angleterre, représentent un coût annuel global de 20 millions de livres (23 millions d'euros) pour un système de santé particulièrement affaibli. Pour autant, elles demeurent éthiquement discutables et leur impact sanitaire sur le long terme reste inconnu. Dans la presse, les experts britanniques s’alarment d’une augmentation prévisible de la mortalité liée à ces maladies, dont les traitements seront réservés aux plus chanceux.