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Prise en charge personnalisée à domicile

Alzheimer : la thérapie occupationnelle confirme ses bénéfices

Par Julian Prial

Une approche thérapeutique à domicile peut ralentir leur perte d’autonomie et réduire les troubles du comportement, selon une étude française.

Lighthunter/epictura

Même s'il reste beaucoup à faire, la France a déployé des efforts pour améliorer les soins des patients atteints de  démence. D'abord grâce à un plan national pour la maladie d’Alzheimer en 2008, puis avec le Plan maladies neurodégénératives 2014-2019 qui a suivi. Certains nouveaux dispositifs de soins ont été mis en place, comme les Équipes Spécialisées Alzheimer (ESA) offrant une nouvelle approche aux malades d’Alzheimer, la « thérapie occupationnelle ».

Cette thérapie consiste à stimuler certaines activités de personnes malades ou à maintenir leur autonomie de manière sécurisée et efficace tout en tenant compte de leurs habitudes de vie et de leur environnement. Basée sur l’intervention d’ergothérapeutes, de psychomotriciens et d’assistants de soins en gérontologie, la prise en charge a lieu à domicile sur prescription médicale. Même si son efficacité avait été démontrée dans quelques essais cliniques, elle ne l’avait pas été dans des conditions de soins de routine et méritait d’être étudiée. C'est désormais chose faite par des chercheurs français de l’Inserm (1).

Une qualité de vie améliorée 

Ces nouveaux résultats viennent d'être publiés dans le Journal of Alzheimer’s Disease. L'étude a été menée sur 421 patients atteints de démence ayant été dirigés vers des ESA par leur médecin traitant ou un médecin spécialiste. Les chercheurs se sont intéressés à leur évolution clinique entre le début et la fin de la prise en charge d’une durée de 3 mois, puis 3 mois après la fin de l’intervention. Cette étude observationnelle menée en conditions de vie réelles a démontré que les patients atteints de démence rapportaient des bénéfices cliniques au cours de la période de l’intervention, indiquent les chercheurs dans un communiqué.

Ces scientifiques rapportent que « les troubles du comportement des malades, le temps passé par les aidants à s’occuper de leur proche malade et la charge émotionnelle associée à cette prise en charge, avaient significativement diminué au cours des 3 mois d’intervention et étaient stables après cette période ». « La qualité de vie des patients s’en trouvait améliorée », concluent-ils logiquement.

Pour les patients au stade précoce 

Par ailleurs, les performances cognitives des patients sont restés stables au cours des 6 mois de l’étude. L’autonomie fonctionnelle s'est elle aussi maintenue au cours des 3 mois d’intervention, mais elle a été significativement réduite par la suite. Et dans le groupe étudié, ce sont les patients diagnostiqués les plus récemment qui retiraient le plus d’avantages en termes de déclin fonctionnel. « Ces découvertes suggèrent que la thérapie occupationnelle devrait concerner prioritairement les patients aux stades précoces de la maladie d’Alzheimer afin d’optimiser ses éventuels bénéfices cliniques », précise l'équipe.

Pour les auteurs de ces travaux, ces résultats ouvrent également un nouveau domaine de recherche concernant la thérapie occupationnelle en France. En effet, cette intervention a été conceptualisée comme une intervention à court terme à domicile, mais les avantages sur le long terme et les conséquences d’un arrêt de la prise en charge restent inconnus. Dans cette optique, l’équipe de chercheurs de l’Inserm conduira un essai pour comparer l’efficacité de la thérapie occupationnelle sur une période supplémentaire de 4 mois par rapport à la prise en charge habituelle telle que recommandée.

(1) INSERM, Unité 1219 « Institut de Santé Publique, d’Épidémiologie et de Développement », Centre INSERM U1219-Epidemiologie-Biostatistique, Bordeaux, France University Bordeaux, Bordeaux, France Service de Neurologie, Department of Clinical Neurosciences, CHU Pellegrin, Bordeaux, France INSERM, Clinical Investigation Center – Clinical Epidemiology 1401, Bordeaux, France.