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Prescriptions hospitalières

Clostridium : une classe d’antibiotiques à l'origine de la résistance

Par Antoine Costa

Les souches ultra-résistantes de Clostridium Difficile, une bactérie qui circule dans les hôpitaux, sont favorisées par l’utilisation de fluoroquinolones, une classe d’antibiotiques.

Petkov/Epictura

Les infections à Clostridium Difficile (CD) résistants, qui circulent dans les hôpitaux, ne sont pas dues à un manque d’hygiène. Ou au moins, pas dans la majorité des cas. C’est la conclusion de travaux de l’université d’Oxford (Royaume-Uni), publiés dans la revue The Lancet. D’après les chercheurs britanniques, c’est plutôt la prescription abusive de fluoroquinolones, une gamme d’antibiotiques dans laquelle on peut trouver la ciprofloxacine, qui serait en cause. Leur utilisation favoriserait l’apparition de souches résistantes, qu’aucun antibiotique ne permet d’éliminer.

Plus exactement, ils estiment que la réduction du recours à ces antibiotiques, effective dans les hôpitaux britanniques, a plus contribué à la baisse du nombre d’épidémies à CD résistants que les mesures d’hygiène. Leur occurrence aurait baissé de 80 % depuis la mise en place des mesures de restriction. Dans le comté d’Oxfordshire, 67 % des bactéries CD relevées en septembre 2006 étaient résistantes aux antibiotiques, contre seulement 3 % en 2013.

Une infection nosocomiale grave

Dans la plupart des cas, il devient même compliqué de trouver des formes résistantes de CD. En revanche, l’étude révèle également que, malgré le renforcement des mesures d’hygiène, les services hospitaliers ne parviennent pas à réduire le nombre d’infections à CD « normal ».

Les chercheurs rappellent aussi que le nombre de transmissions d’une personne à une autre n’a pas changé, en dépit des mesures d’hygiène imposées au personnel soignant et du nettoyage en profondeur des services hospitaliers.

Ces infections nosocomiales provoquent des diarrhées, fièvres et douleurs, parfois graves, et qui peuvent mener à la mort. D’après une étude réalisée en 2015 au CHU de Poitiers, elles seraient fatales dans plus de 20 % des cas chez les personnes de moins de 75 ans, et pour plus d’un cas sur deux chez les personnes âgées (plus de 75 ans). Si elles sont si dangereuses, c'est parce qu'elles touchent des personnes fragilisées (par l'âge, ou une maladie), mais aussi en raison du caractère résistant de certaines souches qui, par définition, ne répondent pas aux antibiotiques.

En Europe, ces infections touchent 124 000 personnes par an, pour une mortalité de 3 %. Cela représente environ 3 700 décès. C’est bien moins qu’aux États-Unis, où les prescriptions de fluoroquinolones n’ont pas été restreintes ; chaque année, environ 30 000 personnes y succomberaient à une infection à CD.