Peu de médicaments sont autorisés pendant la grossesse, en particulier dans la gamme des anti-inflammatoires et des anti-douleurs, pourtant de consommation « courante ». Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont habituellement utilisés pour traiter les douleurs, les poussées de fièvre et les inflammations (articulaires, ORL). Mais ils sont tout particulièrement déconseillés pour les femmes enceintes.
À partir du 6e mois de grossesse, ces médicaments peuvent en effet provoquer de graves troubles cardiaques et pulmonaires, susceptibles d’entraîner le décès du bébé avant, ou après la naissance. Et cela, dès la première prise de médicament.
Oui à l’aspirine, mais à faible dose
L’ Agence nationale de santé du médicament (ANSM) a souhaité rappeler, ce jeudi, à travers un communiqué, l’importance de cette information. Plusieurs de ces médicaments, comme l’ibuprofène, sont en vente sans ordonnance, et donc sujets à l’auto-médication. Elle souhaite ainsi rappeler à toutes les femmes enceintes de proscrire toute prise d’AINS, quelle que soit le mode d’administration des médicaments.
Les formes orales et injectables sont concernées, mais aussi les pommades et gels, ainsi que les suppositoires ou les collyres. Tous les AINS sont visés par cet avertissement, sauf l’aspirine qui bénéficie d’une dérogation partielle. Son utilisation est déconseillée, mais possible pour une posologie inférieure à 100 mg par jour. À l’inverse, deux médicaments sont proscrits pour toute la durée de la grossesse : le célécoxib et l’étoricoxib.
L'agence a fourni une liste non exhaustive des médicaments concernés (voir ci-dessous). Si un médicament ne faisant pas partie de cette liste soulève des doutes, il est toujours possible de vérifier les informations le concernant sur la base de données publique des médicaments.
Consulter dans tous les cas
Les femmes qui auraient pris des AINS après le 5e mois de grossesse sans prescription de leur médecin doivent stopper leur traitement immédiatement, si elles le suivent encore. Même si elles n’ont pris qu’un seul cachet d’ibuprofène au cours des trois derniers mois de grossesse, elles sont vivement invitées à consulter leur médecin ou leur gynécologue.
Dans les cas cliniques qui le permettent, les AINS peuvent être remplacés par du paracétamol. Ce 25 janvier, l’ANSM avait justement relayé l’avis favorable à la prise de paracétamol pendant la grossesse, émis par l’agence européenne du médicament. Après examen de la littérature scientifique, son comité de pharmacovigilance avait en effet estimé qu’il ne présentait pas de risques neuro-développementaux sur les enfants exposés à la molécule in utero. Son utilisation doit cependant être limitée au maximum.
AINS, paracétamol, aspirine… À quoi servent-ils ?
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont une classe très large de médicaments, avec des voies d’administration et des caractéristiques variées. Ils bloquent tous une enzyme, la COX, impliquée notamment dans les processus inflammatoires, la douleur et la fièvre.
L’ibuprofène est le plus prescrit d’entre eux, car il se vend sans ordonnance mais peut être très efficace pour traiter la douleur. Diclofénac, kétoprofène, apranax celecoxib, naproxène, piroxicam, voltarène font aussi partie des AINS.
L’aspirine, ou acide acétylsalicylique, aussi très consommée, est vendue sans ordonnance. Elle fait également partie des AINS, avec les mêmes propriétés antalgiques, antipyrétiques (contre la fièvre) et anti-inflammatoires. Elle peut irriter la muqueuse digestive et provoquer des hémorragies (elle diminue la capacité de coagulation) et des allergies, mais est autorisée pendant la grossesse, tant que la prise ne dépasse pas 100 mg par jour.
Les médicaments à base de paracétamol (Doliprane, Dafalgan, Efferalgan…) ne sont, quant à eux, pas des AINS. Ils peuvent être utilisés pour calmer les douleurs modérées (céphalées, douleurs dentaires, courbatures), et faire baisser la fièvre. Mais, contrairement aux AINS précédemment cités, ils n’ont pas de vertus anti-inflammatoires, et ne réduisent donc pas les manifestations qui peuvent accompagner la douleur. Leur utilisation est possible pendant toute la grossesse, quand les conditions cliniques le nécessitent, mais aussi chez les enfants. Il est très bien supporté, mais avant de commencer un traitement en automédication, mieux vaut demander conseil auprès de son médecin.