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QUESTION D'ACTU

Menaces de démission à Grenoble

Les médecins urgentistes craquent

une vingtaine de praticiens menacent de démissionner. Le raz-le-bol des urgentistes de Grenoble n'est pas une situation isolée. Pour eux, c'est la sécurité des patients qui est en jeu. 

Les médecins urgentistes craquent CHAMUSSY/SIPA




Les urgences du CHU de Grenoble-La Tronche sont sous tension. 21 médecins du service sur 23 menacent de démissionner : en cause la sécurité des patients et leurs conditions de travail. « Stop à une maltraitance institutionnelle organisée », écrivent-ils  dans un communiqué.
« La nuit, il n'y a qu'un seul médecin urgentiste qui doit s'occuper parfois d'une quarantaine de patients. Certains malades patientent jusqu'à 48h sur des brancards faute de lits alors qu'ils ne sont pas censés rester plus de six heures au service des urgences, sans compter les plateaux repas qui doivent alors être rationnés », a expliqué le Dr Clara Candille aux journalistes de France 3.

« Des personnes âgées polypathologiques restent de plus de 24 heures sur des brancards », a exposé un autre médecin signataire du courrier.
 « L'équipe médicale est épuisée. On n'en peut plus », préviennent les urgentistes qui demandent un poste de médecin supplémentaire ainsi que l'emploi de personnes s'occupant du travail administratif pour placer les malades dans les différents services et l'ouverture de lits destinés aux patients des urgences. La nouvelle directrice générale, Jacqueline Hubert, qui vient d’entrer en fonction a promis « un plan d’action » et a rappelé que les ugences font 30% des admissions, c’est un secteur très important. »

Grenoble, un cas isolé ? En novembre dernier, les urgentistes des hôpitaux du Léman à Thonon-les-bains avaient protesté de la même manière. Dix médecins avaient présenté leur démission pour dénoncer les conditions de travail et le fait que la sécurité des patients ne soit plus assurée... Selon le Dr Christophe Prudhomme,  praticien aux urgences de l’hôpital Avicenne (AP-HP, Bobigny) et porte parole de l’Amuf, l’association des médecins urgentistes de France, les scénarios de Thonon ou de Grenoble se répéteront ailleurs en France. « Savez-vous comment on appelle le poste de service d’accueil aux urgences entre médecins aujourd’hui ? La mine… On préfère être au SAMU ou au service porte (ndlr. service d’hopsitalisation de courte durée) qu’à l’accueil des urgences car les conditions de travail sont catastrophiques », estime l’urgentiste.

C’est difficilement supportable d’être en tension permanente et d’assurer une bonne qualité des soins. Les internes avaient déjà tiré la sonnette d’alarme cet automne en reconnaissaient que le cumul de travail, le non respect du temps de repos les poussaient à faire des erreurs. D’après une enquête de l’ISNIH, le syndicat des internes de hôpitaux, 15 % des étudiants affirment avoir commis des erreurs de prescription, de diagnostic ou d'acte opératoire en lendemain de garde, alors que 39 % déclarent en avoir probablement réalisé.
D’autres études le démontrent chez les médecins en poste, affirme Christophe Prudhomme en faisant référence à l’étude Presst-Next qui s’était penchée sur l’épuisement professionnel des personnels hospitaliers. Autre point qui n’augure rien de bon pour la qualité des soins, l’épuisement professionnel concerne aussi les médecins qui sont au maximum de leur compétences professionnelles.

Ecouter le Dr Christophe Prudhomme, porte parole de l’Amuf, urgentiste en Seine-Saint-Denis. « L’épuisement professionnel touche les médecins qui sont au maximum de leur compétences. »


Autre point noir, aux urgences 25% des postes de praticiens seraient vacants selon l'Amuf. Et le flux des malades ne cesse pas d’augmenter, qu’il y ait une crise économique ou non, comme en attestent les travaux de l’observatoire régional des urgences de Midi-Pyrénées.
Depuis dix ans, cet Observatoire suit à la loupe les activités des 37 services d’urgence publics et privés de la région. Et depuis dix ans, le passages aux urgences continuent d’augmenter. 707 405 passages ont été déclarés pour l’année 2011 dans la région MidiPyrénées, soit près de 30 000 passages supplémentaires comparés à l’année précédente.
L’Observatoire note trois phénomènes intéressants : le vieillissement de la population passant aux urgences se poursuit… Mais aussi le passage aux urgences des enfants, notamment de moins de 2 ans, est en pleine augmentation. Seul point positif, l’afflux des jeunes de 15-25 ans se stabilise.

Autre point important, plus de la moitié des passages aux urgences concerne une pathologie médico-chirurgicale. Les urgences traumatiques sont en baisse, les urgences psychiatriques et les intoxications sont stables. Face ce constat, certains réclament une réorganisation de l’hôpital, mais aussi de la médecine de ville. Un appel du pied à l’égard du gouvernement qui prépare un plan pour restaurer le service hospitalier… 

Ecouter le Dr Christophe Prudhomme, « L’essentiel de la population qu’on hospitalise aujourd’hui, ce sont des patients relativement âgés avec des polypathologies, donc la médecine d’appareil classique elle doit devenir minoritaire dans l’organisation des hôpitaux ». 
 

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