« Les greffés semblent se porter tous très bien ». Le Pr Philippe Hénon, président de CellProthera et directeur de l'Institut de recherche en hématologie et transplantation de Mulhouse (IRHT), semble satisfait des résultats sur la santé des patients ayant bénéficié de sa thérapie de reconstruction du muscle cardiaque par cellules souches.
La start-up française a communiqué ce vendredi les résultats préliminaires de son essai clinique de phase II. Sur les 44 greffés prévus, seuls 4 ont pour l’instant reçu le traitement, dont un seul avait le muscle cardiaque trop endommagé pour que le dispositif fonctionne. Les patients devaient tous avoir subi un infarctus sévère, sans que la pose d’un stent, utilisé pour dilater les artères, n’ait pu améliorer leur état. Tout se déroule selon les attentes du Pr Hénon, même pour l’un des sujets de l’essai, âgé pourtant de 80 ans, qui semble lui aussi très bien se porter.
Moins de récidive, et une alternative à la greffe
Un essai clinique pilote, réalisé de 2002 à 2006, s’était montré prometteur. L’injection intracardiaque de cellules souches sanguines CD34+ dans le traitement de l’infarctus du myocarde de mauvais pronostic semble améliorer la survie des malades traités. Elle évite la survenue d’une insuffisance cardiaque secondaire et écarte, dans les formes les plus sévères, la nécessité de réaliser une transplantation cardiaque.
L’idée est simple. Il s’agit d’injecter directement dans le cœur des cellules souches, dans le but de régénérer les tissus. L’essai qui a commencé se base sur un dispositif innovant, développé par la start-up. Il s’agit d’un automate bien particulier, sorte de grand incubateur qui conserve des cellules souches du malade, issues d’une simple prise de sang. Il est capable de les sélectionner et de les multiplier pour en obtenir entre 10 et 50 millions en neuf jours, à partir de 200 millilitres de sang. Elles sont ensuite injectées dans le myocarde au moyen d’un cathéter. Une opération qui dure moins d’une heure, ne nécessite qu’une anesthésie locale, et relève des soins ambulatoires.
Un marché important
L’essai se déroule à Nantes et à Newcastle, au Royaume-Uni, où ces incubateurs ont été installés. Si le dispositif fait ses preuves, il pourra ensuite être élargi à d’autres pays, d’ici 2019, notamment Outre-Atlantique, aux Etats-Unis et au Canada. Dès le second trimestre 2018, il pourrait aussi déjà être étendu à Singapour.
Petit bémol : l’essai et les machines coûtent cher : 28,3 millions d’euros ont déjà été levés, mais les chercheurs auraient besoin de 40 millions pour remplir leurs objectifs et élargir l'essai. Par ailleurs, si l’incubateur est un succès, il pourrait être commercialisé et coûter jusqu’à 25 000 euros.
Un coût qui pourrait vite être rentabilisé. Pour la startup, c’est un marché mondial potentiel d’un million de patients. En France, 120 000 infarctus de myocarde ont lieu chaque année. Parmi les neuf victimes sur dix qui survivent, certaines peuvent avoir des séquelles importantes : le muscle cardiaque peut notamment être particulièrement abîmé, et des risques d’insuffisance cardiaque et d’AVC sont à prévoir.