Qui l’aurait cru ? Il y a quelques années encore, l’eau des Bretons rimait avec pollution. Dans cette région, première productrice de porcs, l’agriculture intensive a imprimé ses marques et notamment dans l’eau. Sources, nappes et rivières présentent des taux excessifs de nitrate et de pesticides, à tel point que les autorités ont dû interdire la consommation d’eau du robinet dans les années 1990.
Et pourtant, c’est bien la Bretagne que met à l’honneur l’association UFC-Que Choisir dans sa dernière enquête sur l’eau potable. Les travaux montrent que près de trois millions de Français boivent une eau polluée aux pesticides, plombs ou agents microbiologiques. Mais parmi eux, les Bretons semblent tirer leur épingle du jeu.
Un taux de conformité exemplaire
« Alors que la Bretagne est régulièrement pointée du doigt pour des plages envahies par les algues vertes et des zones de baignade en eau douce interdites d’accès, la région peut être fière de la qualité de son eau potable au robinet », précise l’association.
La région affiche ainsi un taux de conformité de 99,99 % pour ses teneurs en nitrates et 99 % pour celles en pesticides, soit des taux supérieurs à la moyenne nationale. Le résultat ne dissimule pas pour autant certaines inégalités territoriales. Comme dans le reste de la France, les communes rurales restent plus exposées aux polluants que les grandes villes. Par ailleurs, comme le précise Le Télégramme, certaines zones de Bretagne affichent de piètres performances.
C’est le cas du département des Côtes-d'Armor, où la qualité de l’eau est « très mauvaise » dans plusieurs communes (Loudéac, de Plumieux, La Chèze, Plémet, Hémonstoir, Saint-Barnabé, Etables-sur-Mer, Saint-Quay-Portrieux, Ploufragan). La responsabilité de l’agriculture est toutefois écartée. « Toutes ces communes ont le point commun de présenter une concentration en plomb trop élevée en raison de canalisations vétustes », précise le quotidien régional.
Traitement intensif
Hormis ces communes, et deux autres citées par le journal (Kernouès dans le Finistère, île de Groix dans le Morbihan), l’eau potable en Bretagne semble satisfaisante, mais il ne faut pas se leurrer. Ainsi que l’a rappelé l’UFC Que-Choisir, quand une eau affiche une absence de pesticides ou de nitrates, « ce n’est pas parce que l’agriculture aurait amendé ses pratiques, mais parce que l’eau subit de coûteux traitements de dépollution ».
De fait, depuis la fin des « années noires » pendant lesquelles les Bretons consommaient de l’eau minérale exclusivement, la région s’est engagée dans un vaste chantier d’amélioration de la qualité de l’eau potable. Des captages ont été fermés, des travaux d'interconnexion de réseaux d'eau potable, réalisés. Puis, des litres de produits de traitements ont été déversés dans l’eau afin de l’assainir et la rendre propre à la consommation.
Les ressources en eau n’ont donc pas été dépolluées mais, in fine, l’eau du robinet consommée par les ménages n’a pas la toxicité que l’on observe ailleurs. Toutefois, pour avoir accès à cette qualité, les Bretons ont dû payer. Selon le Télégramme, les charges pour le traitement des eaux ont augmenté de 12 % entre 2007 et 2013. Le long traitement sanitaire qu’exige l’eau bretonne fait ainsi d’elle l’une des plus chères de France.